semences etranges pratiques

Suite au colloque du mardi 28 février 2012 intitulé « L'agriculture face aux aléas : de la variabilité du climat à la volatilité des prix », j'ai pris contact avec l'INRA. En effet, de nombreuses questions se posent et m'ont amené à établir quelques pistes de réflexion.

En premier lieu, rappelons que l'INRA est un centre de recherche public indépendant. Ce point est essentiel pour les agriculteurs qui bénéficient aujourd'hui de conseils techniques liés aux firmes d'agrofourniture. L'avenir de l'agriculture ne doit pas être écrit par des considérations financières mais bien par des recommandations scientifiques indépendantes de tout lobby. Ensuite, lors du colloque, quelques axes de recherche me sont apparus :

  • Pour l'agriculture, l'aléa réglementaire est la troisième variable. Il faut absolument que les études de l'INRA le prennent en compte dans les travaux. Prenons un exemple : les CIPAN sont devenus obligatoires, sans que personne ne l'ait anticipé. Le mot d'ordre actuel semble être : « agriculteurs, débrouillez-vous ». F. Thomas et le CIRAD travaillent ce sujet mais il nous semble que la recherche publique aurait dû anticiper.

  • Il y a 20 ou 30 ans, les agriculteurs ont été orientés vers une agriculture intensive. Nos élevages produisent du méthane et de l'azote. Nos cultures nécessitent des produits phytosanitaires. Aujourd'hui, la société nous demande de réduire nos intrants. Si l'INRA a été force de propositions pour augmenter notre productivité, aujourd'hui nous manquons cruellement de recherches dans le domaine de la réduction des intrants et des luttes alternatives. Les agriculteurs ont besoin de l'INRA pour développer ces axes.

  • Au cours de ce colloque, je n'ai eu aucune réponse quant à l'absence d'abeilles dans les colzas et les tournesols. N'y a-t-il pas un problème de génétique quand certains pays du nord de l'Europe exigent une sélection dans ce sens ? Nous avons besoin de réponses scientifiques.

  • Il reste à aborder la question des OGM non transgéniques mais mutagènes. En effet, est-il normal d'introduire dans le noyau d'une cellule des gènes plus ou moins contrôlés, issus d'une autre espèce ? Nous en voyons les conséquences avec le Maïs BT censé devenir une plante insecticide. Mais aussi avec les blés hybrides développant l'ergot de seigle parce que l'ouverture des glumes et des glumelles a été forcée. Nous, agriculteurs, ne sommes pas opposés au progrès mais nous travaillons tous les jours avec le vivant et sommes très prudents : nous sommes les garants de la terre. Aussi, nous espérons que l'INRA ne se préoccupe pas seulement de sélection transgénique et qu'elle envisage bien toutes les voies classiques de l'amélioration variétale.


Concernant le financement de la recherche, vous savez que nous, agriculteurs, payons une Contribution Volontaire Obligatoire pour financer la recherche sur les semences. Entendez, l'amélioration commerciale des semences puisque la majeure partie des semenciers sont des groupes privés cherchant le profit immédiat. Nous préfèrerions que ce soit l'INRA, organisme raisonnable, transparent et encadré, qui bénéficie de ce financement. A ce jour, nous ne savons pas si l'INRA obtient une partie de nos contributions. J'ai donc demandé des éclaircissement sur ce point.


Également, je me permets de vous rapporter un élément qui m'a choqué pendant l'intervention de M. Éric Juste : il s'agit du mot « planification ». L'ex-Union Soviétique appliquait cette planification avec les résultats que l'on sait. Cette terminologie est-elle la plus appropriée de la part d'un scientifique ?


Enfin, les agriculteurs n'ont que trop peu de retour sur vos travaux. ARVALIS, la « courroie de transmission » de l'INRA a fait beaucoup de progrès, mais reste encore bien loin de répercuter tous les résultats de vos recherches. Il faut absolument que l'INRA améliore sa communication afin que les agriculteurs aient tous accès aux résultats de ses travaux.


Patrick CLOGENSON, président de la Coordination Rurale de Seine-et-Marne

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