Accompagnés d’adhérents des CR59 et CR02 nous avons commencé la journée en distribuant des tracts expliquant l'absurdité des ZNT aux Maires venus pour le Congrès national des maires ruraux qui se déroulait à Eppes-Sauvage (59). Carlos Descamps, Denis Defrenne, Stéphane Bleuzé, Benoit Defoort, Paul Paringaux, Denis Fossaert et moi-même avons ensuite été reçus par le Conseiller agricole du Premier Ministre. L'échange m'a fortement déçu, le Conseiller nous a répondu avec beaucoup d’assurance et d’audace, mais la plupart de ces propos me semblent contestables.

Il nous a d’abord affirmé que les ZNT étaient imposées par l'Europe et que le gouvernement ne faisait que suivre les recommandations de l'Anses. Hors, il nous semble que seuls deux pays de l’UE ont choisi d’instaurer des ZNT, et la directive européenne du 21 octobre 2009 à laquelle, il fait référence impose uniquement de restreindre ou d'interdire l'utilisation de PPP dans certaines zones spécifiques.

Le risque de condamnation de l’État Français qu’il évoque pour non respect de la réglementation européenne me semble donc infondé. D’ailleurs, la directive a déjà 10 ans d’existence et à ce jour , il n’y a eu aucune sanction prise. Quant aux recommandations de l’Anses il me semble que l’agence prend déjà en compte l’exposition des personnes présentes et des riverains pour ses autorisations de mise sur le marché.

Aussi, quand il se réfugie sur l'article 83 de loi Egalim pour justifier la création de ZNT, je note que la loi impose uniquement la signature d’une charte d'engagements à l'échelle départementale.

Face à nos craintes sur la diminution de la surface agricole cultivée qui engendrerait une hausse des importations de matières premières ne respectant pas nos normes, le Conseiller agricole nous affirme que notre concurrence est intra-européenne et que mis à part l’importation de produits tropicaux, les importations hors Europe sont minimes. Il ne semble donc pas considérer nos importations de 700 000 tonnes de graines de soja et 2,9 Mt de tourteaux de soja sur l’année 2018 (source : FEDIOL). Aussi d'après FranceAgriMer, la France a importé 1 Mt de maïs durant la dernière campagne, notamment en provenance du Brésil et d'Ukraine. Nous n’avons peut-être pas la même définition du mot « minime »…

Lorsque nous lui avons fait remarquer que le l’État Français n’était pas en règle vis-à-vis de l'Article 44 de la loi EGA qui interdit de proposer à la vente des denrées alimentaires ou produits agricoles pour lesquels il a été fait usage de produits phytopharmaceutiques non autorisés en Europe, le Conseiller agricole nous a encore surpris. En effet, il semble faire une interprétation différente de la loi, il s’agirait pour lui d’interdire l’importation de produits agricoles répondant aux limites maximales de résidus autorisées. Il n’en ait pourtant jamais fait mention dans l’article !

À noter également que le Conseiller agricole nous a vanté les mérites de l’acide pélargonique comme désherbant de biocontrôle et comme alternative au glyphosate, alors que ce produit phytopharmaceutique est inclu dans le projet d'arrêté interministériel relatif à la redevance pollution diffuses (RPD) et ainsi taxé à partir de l’an prochain au même titre que d'autres produits issus de la chimie de synthèse.

Enfin nous avons eu aussi notre petit moment d’humour et de stupéfaction, quand le conseiller a parlé de « tournières », expression locale désignant les fourrières. Il pensait que nous ne les cultivions pas et il avait donc du mal à analyser l’impact des ZNT pour nos exploitations, nous lui avons proposé de venir faire un tour sur nos exploitations pour se rendre compte de la réalité du terrain.

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