Personne aujourd’hui ne pourra nier que notre situation, en tant qu’agriculteur, est particulièrement compliquée. Alors que nous attendions beaucoup des États Généraux de l’Alimentation (EGA), nos interprofessions campent sur leurs positions : « le bon prix » sera celui du marché et son accès sera renforcé par des démarches de qualité et de certification.

C’est le retour d’« écophyto 2+ » et son cortège de nouvelles contraintes. C’est aussi l’arrivée de la séparation du conseil et de la vente, une aubaine pour ceux qui s’empressent de demander l’instauration d’un conseil obligatoire et payant.

Je n’oublie pas non plus la dernière punition écologique, l'augmentation de la Redevance pour pollution diffuse (RPD), une aberration !

S’ajoute un 6e programme d'actions nitrates enrichi de zones d'actions renforcées. Près de 1000 agriculteurs sont identifiés et tenus seuls responsables de la qualité de l'eau et de sa teneur en nitrates, faisant ainsi fi de tous les scientifiques qui réhabilitent le rôle des nitrates dans l’alimentation.

En plus de nous infliger toujours plus de contraintes, on continue de rendre accessible à la consommation de plus en plus de produits d’origine et de qualité douteuses tout en nous reprochant les scandales de l’industrie agroalimentaire. Ces nombreuses réglementations n’ont aujourd’hui qu’un seul résultat : la disparition des agriculteurs et la perte de dynamisme de nos territoires ruraux.

Arrêtons les pansements sur les jambes de bois et changeons de système agricole afin de garder une agriculture à taille humaine qui fournit une alimentation saine.

À la CR, nous demandons l’application du principe d’exception agriculturelle. À l’image de la culture, l’agriculture est une activité économique si vitale qu’elle nécessite d’être protégée du libre-échange. Grâce à ce principe, chaque État ou groupe d’États pourrait protéger ses marchés, organiser souverainement sa propre politique agricole et assurer la nourriture de sa population, tout en permettant des échanges de produits basés sur l’équité et les intérêts réciproques.

On ne changera pas une politique agricole avec ceux qui l’ont dictée. Aujourd’hui, à l’approche des échéances électorales, je mesure toute l’énergie, tous les moyens humains et financiers qui sont alloués pour garder et défendre ce système qui détruit notre agriculture. Aux dernières élections, un agriculteur sur deux n’avait pas voté. Je comprends votre désarroi, mais si vous vous désintéressez des orientations agricoles, d’autres vous représenteront et pas forcément pour votre intérêt. Le bilan de 30 ans de représentation professionnelle en témoigne.

Dans quelques jours, par votre vote, vous avez la possibilité de changer d’orientation. Il est temps de rendre l’agriculture aux agriculteurs.

Nous avons besoin de vous !

 

Louis Fenart, Agriculteur à Violaines

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