"Dans cette période de crise agricole profonde, je pense évidemment à tous mes collègues agriculteurs qui souffrent moralement et économiquement. Ma considération va également aux salariés des Directions Départementales et des Territoires (DDT) qui doivent mettre en place sans broncher les incohérences politiques. A l’heure, où l’objectif de zéro papier dans les déclarations PAC est en phase d’être abouti, toute ma pensée va aux salariés du service Économie agricole qui reçoivent chaque jour des dizaines et des dizaines de formulaires papiers de « déclaration de gestion particulière de la couverture des sols » et qui doivent les classer et les stocker dans un coin de leur bureau. A quoi va servir cette paperasse ? Je compatis avec l’agriculteur qui a dû les remplir, mais aussi avec le personnel de l’administration qui doit se sentir professionnellement obsolète. N’aurait-il pas été plus simple de faire une dérogation pour l’ensemble de la profession ?

Je pense encore à ce même salarié qui, suite à l’excès de zèle de son ministre de l’Agriculture dans sa communication sur les couverts végétaux, a dû se tirer les vers du nez pour rédiger un arrêté autorisant les agriculteurs, sur déclaration et justificatifs, à déroger à l’implantation des cultures dérobées en septembre suite aux intempéries du mois de mai.

Ma pensée va encore à ces salariés qui vont devoir traiter, classer et ranger des formulaires de demandes d’Avance de trésorerie remboursable (ATR) pour l’ensemble des agriculteurs. N’aurait-il pas été plus simple de faire l’inverse : demander aux agriculteurs qui n’ont pas besoin d’avance de trésorerie de remplir un formulaire ? Vous en connaissez beaucoup des agriculteurs qui n’ont pas besoin rapidement de leurs primes PAC ?

Mes sentiments les plus respectueux vont également à ces mêmes agents territoriaux à qui on demande de calculer le montant de l’ATR 2016 correspondant à 90 % des DPB 2015 (montant toujours inconnu, puisque les dossiers sont toujours en cours d’instruction).

Quand j’évoque ces incohérences à un élu, à un salarié de l’administration, à un syndicaliste agricole ou aux agriculteurs, nous sommes tous unanimes pour relever le côté absurde de ces démarches. Alors s’il vous plaît, tant que la Politique agricole commune ne sera pas remaniée pour revenir à ses fondamentaux (sécurité alimentaire – régulation des marchés – préférence communautaire - pérennisation d’une agriculture performante), arrêtez de simplifier, foutez-moi la paix et laissez-moi travailler !"

Régis Dubois

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