Les réunions pour la mise en place du plan de relance en agriculture se multiplient, mais au fil des présentations nous nous rendons compte que cette course aux primes ne sauvera pas les agriculteurs. Car, en réalité, rien de nouveau ! On applique les mêmes vieilles recettes à un secteur en crise depuis trop longtemps. Ce n’est finalement qu’un pansement sur une plaie qui s’ouvre tous les jours un peu plus.

Les objectifs annoncés ne sont pas en rapport avec le maigre budget consacré à l’agriculture : 1,2 milliard sur ce plan de relance global de 100 milliards d’euros. De plus, il faut réorienter les aides vers les agriculteurs, afin que l’argent aille aux exploitations. Tel qu’il est présenté, le plan de relance va surtout profiter à l'aval du secteur agricole, mais peu de mesures viennent en aide aux agriculteurs eux-mêmes. Or, tout investissement pouvant redonner de la visibilité aux agriculteurs doit être soutenu en priorité.

La Coordination Rurale des Hauts-de-France (CR HDF) s’oppose aux seuils élevés d’éligibilité qui ne permettent de relancer que ceux qui sont capables de faire des investissements importants. Il faut un plan de relance plus inclusif, accessible au plus grand nombre. « Ce qu’on nous propose c’est d’investir pour mieux s’endetter, ce plan n’aidera pas les agriculteurs à long terme ! », déclare Carlos Descamps, président de la CR 59.

La CR HDF salue la volonté affichée d’obtenir l’indépendance protéique. Mais celle-ci doit se concentrer sur les légumineuses et les oléoprotéagineux, ce que ne sont pas le blé ou le maïs. Outre le label bio et la certification HVE, il existe une autre voie à valoriser auprès des consommateurs : l’agriculture de conservation et de régénération des sols qui constitue l'agriculture conventionnelle de demain.

En ce qui concerne la filière viande, nous rappelons que la priorité doit être donnée aux petits abattoirs de proximité qui permettent le maintien de l’élevage au cœur de nos régions, plutôt qu’aux grands abattoirs industriels. Pour ce qui est de la modernisation des élevages, il ne faut pas que cela soit synonyme de mise en place de nouvelles normes draconiennes.

Plus qu’un plan de relance de l’économie agricole, il est urgent de mettre en place un plan de soutien ou de sauvegarde des agriculteurs. Ce plan devrait prendre en charge le coût des comptabilités et des divers services payants obligatoires (par exemple : le contrôle des pulvérisateurs).

Enfin, il est dommageable qu’aujourd’hui le seul moyen envisagé pour relancer l’agriculture soit constitué d’aides. Il est temps de rémunérer dignement les agriculteurs pour leur travail et leurs productions ! Aujourd’hui encore, la CR milite pour des prix plus justes et non pour des primes plus importantes ! Ce plan de relance ne suffira pas à pallier les conséquences désastreuses d’une PAC qui a livré les agriculteurs au commerce mondial. Aussi, pour être à la hauteur des enjeux du monde agricole, ce plan doit s’inscrire dans un projet stratégique lié à la PAC, passant par un engagement politique fort pour une exception agriculturelle.

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