Suite à la signature de la démarche qualité régionale « Objectif export » par les 27 actionnaires coopératives et négociants de Nord céréales, la Coordination Rurale des Hauts de France estime qu’il n’est pas judicieux de faire rêver les agriculteurs avec des niveaux de prix difficilement atteignables pour des qualités coûteuses à obtenir.
La démarche de Nord Céréales vise l’amélioration de la marge des agriculteurs par un positionnement de nos productions, notamment de blé, sur un créneau qualitatif fort. La Coordination Rurale n’est pas en total accord avec ce projet et a écrit un courrier aux négociants et coopératives signataires pour les mettre en garde.
La qualité souvent en conflit avec la quantité
Pour la CR, la « qualité » des céréales se retrouve très souvent en conflit avec « la quantité » et, si les conditions climatiques n’accompagnent pas favorablement nos productions, les choix stratégiques initiaux, parfaitement louables sur le papier, peuvent rapidement se transformer en catastrophe avec, à l’arrivée, la perte de qualité et l’absence de quantité. Pour la CR, ce n’est pas à l’agriculteur de prendre ce risque !
De plus, les restrictions réglementaires que nous subissons sur le plan des produits phytopharmaceutiques et des fertilisants conduisent à une augmentation de nos coûts de production et à une plus grande exposition aux risques climatiques.La CR s’oppose à ce premier pas vers la contractualisation
Pour la CR, cette démarche qualité est probablement le premier étage de la fusée qui va nous mener à la contractualisation. L’amélioration de nos marges est un souci majeur mais celui-ci ne doit pas nous faire perdre de vue que nous avons à gérer des exploitations et que nous devons trouver le meilleur compromis entre niveau de revenu et sécurité des objectifs.
Il est primordial pour l’agriculteur de continuer à gérer ses choix variétaux, sans qu'il ne soit orienté vers des variétés plus sensibles aux maladies cryptogamiques, à la verse et surtout à la germination sur pied.L'illusion de la vocation exportatrice
Vendre nos productions en Afrique de l’Ouest, pourquoi pas ? Mais notre agriculture est-elle configurée aujourd’hui pour aller se confronter aux moins-disants sur des marchés internationaux éloignés ? Les agriculteurs de notre Région sont fragilisés par plusieurs campagnes défavorables. Nous estimons aujourd’hui qu’il ne s’agit pas de les faire rêver avec des niveaux de prix difficilement atteignables pour des qualités coûteuses à obtenir. Et par ailleurs, quid des productions des agriculteurs africains qui ne trouveraient plus de débouchés car nous inonderions les marchés avec nos produits ?
