Moi qui me suis engagé à la Coordination Rurale (CR) par rejet du syndicalisme agricole majoritaire et cogestionnaire, je souhaite profondément, un sursaut du monde agricole. Je suis comme la plupart d’entre vous, un agriculteur qui croule sous les charges et qui voit son revenu s’effondrer.

Le mouvement des gilets jaunes, symbole du rejet des organisations syndicales et politiques du passé, me conforte dans mes certitudes. Nous aussi, les agriculteurs, devons faire entendre notre voix et exprimer notre ras-le-bol pour changer ce système qui nous dessert !

Quand vous savez qu’en amont d’une manifestation agricole, se tient une réunion ministérielle avec les représentants « du vieux syndicat » pour discuter des futures annonces, vous ne pouvez plus croire en leur folklore. Comme disait Albert Einstein : « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre ».

Nous à la CR nous disons : « Arrêtez de vendre notre agriculture à la finance ; il est temps de rendre l’agriculture aux agriculteurs ! »

Pendant que nous voyons nos charges augmenter au vu des dispositions écologiques, le gouvernement signe des traités de libre-échange. Des produits ne répondant pas à nos normes font ainsi des milliers de km pour concurrencer nos produits… Quelle aberration !

Qui importe et exporte les matières premières agricoles ? Qui nous représente à la tête des interprofessions ?

Rappelez-vous, cet hiver à Dunkerque lors des EGA, la représentation agricole recevait nos politiques pour présenter leur projet « Objectif export ». À la question « Comment mieux rémunérer les agriculteurs ? », ils répondent : « c'est aux agriculteurs de produire de meilleure qualité pour pouvoir exporter plus » Pour la CR, augmenter la qualité induit nécessairement une augmentation des coûts de production. Or, ceux-ci ne nous permettent déjà pas aujourd’hui de nous confronter aux moins-disants sur des marchés internationaux. Alors pourquoi continuer avec l’illusion de la vocation exportatrice qui, finalement, ne rémunère pas mieux les agriculteurs ?

Cela fait 12 ans que la balance commerciale française est largement déficitaire. En 2018, l’UE est devenue le premier importateur de céréales au niveau mondial. À la CR, nous sommes convaincus qu’il est temps de rééquilibrer nos productions et de se recentrer sur le marché national et européen. Ensemble, reprenons nos outils en main, en commençant par les Chambres d’agriculture, puis par les interprofessions et les coopératives qui nous appartiennent ; n’oublions pas le travail de nos grands parents ! En cette période électorale, je mesure toute l’énergie, tous les moyens humains et financiers qui sont alloués pour garder et défendre un système qui détruit notre agriculture. Alors pourquoi continuer avec les mêmes ?

Dans quelques jours, par votre vote, vous aurez la possibilité de changer d’orientation. Faisons notre « révolution » jaune mais de façon démocratique !

Carlos Descamps, agriculteur à Vendeville

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