Bruno Hyais, agriculteur dans le Loiret, estime qu’en l’état actuel des connaissances agronomiques, le glyphosate est un atout indispensable pour la vie des sols.

Quelle place le glyphosate prend-il dans votre système de production ?

B. Hyais : je l’utilise uniquement avant d’implanter une culture, pour faite place nette au niveau des adventices. Ensuite, je fertilise de manière localisée au semis, pour donner l’avantage à ma culture contre les mauvaises herbes. Une fois ma culture récoltée, j’implante un couvert végétal multi-espèces (toute la palette des légumineuses, sarrasin, tournesol…) qui sera ensuite détruit par le gel et mulché. Je mets en œuvre des méthodes de prévention, en établissant une rotation « nettoyante », comprenant du millet, du soja. D’autres rotations salissent les parcelles, si elles sont basées sur le colza et la moutarde en interculture (CIPAN).

Vous utilisez donc assez peu de glyphosate. Pour autant, cette molécule vous est indispensable ?

B. Hyais : le glyphosate est très efficace contre les ronds de vivaces adventices dans certaines parcelles et globalement contre les graminées. Mais à l’échelle de mon système, si le glyphosate m’est retiré, je serai contraint de détruire une partie de l’activité biologique de mes sols. Depuis plus de 25 ans, je cultive en techniques culturales simplifiées (TCS). J’observe une vie foisonnante dans mes sols. En agriculture biologique, le glyphosate est interdit mais les sols sont moins vivants qu’en TCS car le recours au labour et au désherbage mécanique, pour maitriser le salissement, détruisent vers de terre et micro-organismes utiles. Le sol est rempli de vie et le glyphosate est actuellement un outil permettant de la préserver.

Vous êtes donc défavorable à une éventuelle suppression de cette molécule ?

B. Hyais : mon rôle, en tant qu’agriculteur et syndicaliste, n’est pas de défendre le glyphosate mais je pense que son interdiction portera un coup très dur à l’agro-écologie. Je crains aussi qu’il soit remplacé par d’autres molécules plus chères et moins efficaces, nécessitant des doses plus fortes. Actuellement, certains doivent penser que le glyphosate (3 € du litre) ne leur rapporte plus suffisamment.

En revanche, je pense que toute utilisation sur plante entière avant récolte doit être interdite. Ces pulvérisations sont fréquentes dans d’autres pays exportateurs (ex : lentille canadienne) et donnent des arguments aux ONG qui veulent interdire complètement le glyphosate en France.

En tant que producteur de soja, quel regard portez-vous sur les importations de soja round-up ready, plante OGM résistante au glyphosate ?

B. Hyais : nous sommes encore trop peu nombreux à cultiver du soja. C’est sûr que le mien ne présente pas de résidus de glyphosate, contrairement à celui que la France importe du Brésil ou de l’Argentine, traité à 10 litres/ha. Le soja s’intègre très bien dans ma rotation car il limite le développement de mauvaises herbes. Avec le désherbage au glyphosate d’avant semis, ce sont deux bons atouts dans ma stratégie agronomique.

Notez que le soja attire le gibier et que globalement, mes parcelles regorgent de petit gibier venu se délecter de vers de terre. Cela m’interpelle quand j’entends le président de la fédération nationale des chasseurs se réjouir de la possible interdiction du glyphosate : il n’a rien compris !

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