La Coordination Rurale de Bourgogne-Franche-Comté a participé au cours des derniers mois à deux concertations distinctes conduites par la Chambre d’Agriculture régionale et portant sur l’avenir de l’agriculture. C’est Thierry-James Facquer qui a eu la charge d’y représenter la CR et qui en livre ici ses conclusions.

La première, menée en région, mais organisée à l’initiative du Gouvernement, visait à préparer la prochaine Loi d’orientation et d’avenir agricoles (LOAA), assortie d’un Pacte censé regrouper des mesures complétant la Loi, mais ne nécessitant pas d’être inscrites dans un texte législatif.
La deuxième, organisée à l’initiative de la Région BFC, vise à définir ce que pourrait être l’agriculture en Bourgogne-Franche-Comté à l’horizon 2040. Elle est bien avancée, mais se terminera début juillet.

Les concertations Pacte-LOAA ont été conduites à travers trois ateliers, ayant pour mission de répondre à des questions spécifiques et de faire des propositions concrètes. Chaque atelier devant faire remonter environ 5 propositions, rédigées suivant un modèle assez précis. Ces propositions ont été sélectionnées parmi toutes celles des participants. Mais l’ensemble des propositions non sélectionnées ont quand même été transmises.

 

Orientation – Formation : un focus sur l’attractivité, les propositions CR appuyées par le Ministre

Le premier atelier portait sur la problématique de l’orientation et de la formation, vue à peu près exclusivement sous l’angle de l’attractivité des formations et des métiers. Les propositions ont surtout porté sur la manière de faire découvrir l’agriculture aux élèves des classes primaires et des collèges, ainsi qu’aux responsables de l’orientation. J’ai insisté, au nom de la CR, sur le fait que ces mesures ne pourraient porter leurs fruits que si l’on arrivait à convaincre les enseignants que les agriculteurs ne sont pas des pollueurs, mais bien des défenseurs de la nature. Monsieur le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui était venu assister à notre dernière réunion, a fortement appuyé notre point de vue. Je pense que c’est à chacun d’entre nous qu’il incombera d’œuvrer dans ce sens.
La proposition d’accompagner les agriculteurs par la formation et le conseil tout au long de la carrière a fait consensus.
En ce qui concerne la formation des candidats à l’installation, si tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut prendre en compte le fait que la majorité d’entre eux est désormais composée de personnes en reconversion, et qu’il faut donc s’adapter à ce nouveau public, tout le monde n’en tire pas les mêmes conclusions. Si les JA considèrent qu’il faut maintenir l’obligation d’un BPREA comme condition préalable à l’obtention des aides, j’ai plaidé pour la création de parcours alternatifs pour certains profils de candidats. Là encore, le ministre de l’Agriculture a appuyé notre point de vue.

 

Installation – Transmission : Un enjeu qui fait consensus

Le second traitait de l’installation-transmission. J’en retiendrais surtout la nécessité d’impliquer les élus locaux dans le processus, ainsi que celle de donner des avantages fiscaux aux cédants. La proposition de la CR de rétablir le crédit-transmission (une sorte de location avec option d’achat entre cédant et repreneur) a été incluse dans ce point. Les autres propositions se recoupent avec celles du groupe précédent. Notons la nécessité de créer des espaces tests pour les candidats issus du monde urbain. La CR BFC participe depuis plusieurs mois au suivi d’une expérimentation en cours dans ce domaine.

 

Adaptation au changement climatique : des propositions qui manquent un peu de concret ?

Enfin, sur le changement climatique, il ressort de nos travaux qu’il faut multiplier les expérimentations, développer les productions locales durables et intégrer le stockage de carbone dans l’évaluation de l’impact de l’agriculture sur le changement climatique, le tout dans le cadre de démarches territoriales. La Coordination Rurale regrette que l’on en soit resté à des préconisations assez générales, sans doute du fait d’une recherche de consensus entre des participants dont tous n’étaient pas agriculteurs. Nos efforts pour inclure le stockage de l’eau dans les priorités n’ont malheureusement pas été couronnés de succès, même s’il en est fallu de peu, et il nous faudra donc batailler à nouveau sur ce point capital.

 

Et la suite ?

À l’heure actuelle, il nous est difficile de dire si ces contributions auront un véritable impact sur la prochaine Loi d’orientation agricole, ou si elles n’auront été qu’un semblant de concertation. Nous ne le saurons qu’à la promulgation de la loi. Attendons le résultat plutôt que de faire des procès d’intention au Gouvernement.

En revanche, cela a, sans nul doute, donné l’occasion aux différents syndicats agricoles, ainsi qu’à d’autres acteurs du monde rural, de réfléchir ensemble à d’importantes problématiques, ce qui n’est pas si fréquent. Nous avons ainsi pu voir nos divergences, mais aussi nos points communs, tout en apprenant à mieux nous connaître les uns les autres.

« Imaginer demain, agir maintenant », la concertation initiée par la Région BFC sur l’agriculture régionale en 2040, aux questions plus ouvertes, nous a permis d’aborder beaucoup plus de sujets. Elle n’est pas tout à fait terminée, et je vous en reparlerai donc plus tard.
Les résultats seront restitués le 27 juin dans la soirée, à Genlis en Côte-d’Or. Si vous êtes intéressés pour assister à cette réunion, n’hésitez pas à contacter notre animateur. Nul doute que les propositions de la CR pour une agriculture responsable, rémunératrice et ancrée dans son territoire y auront leur place.

 

Thierry-James Facquer,
Président de la CR BFC

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