Europol a annoncé avoir démantelé un réseau de trafic de viande de cheval agissant dans huit pays européens à l’issue d’une enquête débutée en 2016 en Espagne. Un courtier néerlandais, arrêté dans le cadre de cette affaire, était déjà recherché par la justice française dans le cadre du scandale des lasagnes « Spanghero » qui avait éclaté en 2013. Cette affaire ne serait donc qu’un nouvel épisode du même trafic dévoilé quatre ans plus tôt. S’il faut se féliciter de l’arrestation de 65 personnes, de nombreuses questions persistent notamment sur la longueur de la procédure et sur l’existence même de telles fraudes.

Des interrogations sur l'efficacité des contrôles

Vu le haut niveau d’exigence qui existe en matière d’identification animale et de traçabilité, il est difficile de comprendre comment il est possible qu’au-delà de l’abattoir, les règles puissent être transgressées avec une telle envergure. Tout cela met à mal le travail des éleveurs, décrédibilise toute la filière et fragilise la confiance des consommateurs. Faut-il le rappeler, les chevaux sont pucés et accompagnés de documents d’identification. La moindre anomalie les exclut de la consommation humaine. A travers les nombreux contrôles effectués sur la partie amont, soit in situ dans les exploitations soit informatiquement, les éleveurs n’ont pas le droit à l’erreur. Il conviendrait que les lots de viande soient aussi bien suivis et tracés que les animaux et que les contrôles soient aussi nombreux et efficients en industrie. La traçabilité ne doit pas s’arrêter en abattoir et les échanges doivent être particulièrement surveillés. Les indications d’origine de la viande dans les produits carnés doivent être un gage de confiance pour des consommateurs qu’il ne faut absolument pas tromper.

La nécessité d’un étiquetage européen sur la viande de cheval

Des initiatives ont déjà été menées au niveau national pour renforcer la traçabilité des produits alimentaires : depuis 2014, les labels « Viandes de France » garantissent des viandes issues d’animaux élevés, abattus, découpés et transformés en France. Depuis janvier 2017, la France expérimente l’étiquetage sur l’origine des produits laitiers et des viandes utilisées dans les plats transformés. Toutefois, des progrès restent à réaliser. A l’occasion du 14 juillet, l’ONG Foodwatch a dévoilé que de nombreux logos privés indiquant l’origine France sont utilisés de façon abusive pour des plats transformés qui contiennent peu d'aliments produits en France, voire aucun. De plus, la France ne peut faire figure à elle seule de bon élève si des pays voisins se montrent laxistes. Comme l’illustrent les épisodes du Horsegate, les réseaux de trafic sont européens voire internationaux. Aussi, la Coordination Rurale rappelle que pour lutter contre ces mafias, il est urgent qu’un système de traçabilité infaillible soit imposé à tous les pays de l’UE, et ce à tous les maillons de la filière (étiquetage du producteur au consommateur). Aussi, la France doit tenir bon face aux pays qui voudraient qu’une telle réglementation ne voie jamais le jour. La CR ne peut que déplorer l’alliance menée par la Belgique lors du conseil des ministres du 18 juillet : avec l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, le Luxembourg et la République Tchèque, elle s’est exprimée non seulement contre les initiatives nationales, mais contre une éventuelle harmonisation européenne des étiquetages sur l’origine des produits.

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