Le 26 septembre 2017, Carol Bulcke, représentant de la Coordination Rurale des Hauts de France, participait au Quesnoy (59) au deuxième événement des États généraux de l’alimentation en région consacré à la filière élevage laitier : « Comment consolider cette filière par la recherche de débouchés porteurs de valeur ajoutée ? ». Il raconte comment il a vécu cet atelier.
Comment cet atelier des EGA consacré au lait s'est-il déroulé ?
Comme une grande messe : tous les acteurs de la filières sont réunis et donnent leur point de vue. Le syndicat majoritaire est encore sur ses grandes idées d’exportation. Ils considèrent toujours qu’il faut produire plus pour gagner plus alors que les producteurs de lait perdent de l’argent à travailler. Les industriels nous donnent des leçons sur notre métier : selon eux, c’est à nous de réduire nos coûts de production alors que certains d'entre eux sont cités dans les Panama Papers.
Des travaux préalables ont-ils posé les débats ?
Non, aucun travail effectué en amont n'a été présenté. Il semblait s'agir de recueillir l’avis des participants. Pour en faire quoi ? La réponse est en suspens.
Les prix rémunérateurs ont-ils été évoqué ?
Les prix oui. Rémunérateurs, non ! Quand on analyse la liste des participants présents dans l’atelier pour défendre des prix pour les agriculteurs, on a de quoi s’interroger. Les représentants du syndicat majoritaire sortent leurs casquettes d’industriels et ne défendent pas des prix pour les producteurs. On évoque toujours le côté performance ; rien ne change! Dans cet atelier, la part belle a été donnée aux industriels.
Sur quoi avez-vous mis l’accent ?
Sur la nécessité de payer les producteurs ! Je les ai interpellés sur la moyenne d’âge des éleveurs laitiers : 56 ans ! 80 % des producteurs de lait sont à renouveler dans les 5 ans à venir. Nos jeunes n’auront pas la même optique que nous dans la production laitière. Si vous ne les payez pas correctement, ils ne produiront pas de lait. J’ai dit aussi: « Soit vous nous laissez mourir et vous nous remplacez par des usines à lait ; soit vous respectez la volonté du consommateur qui veut des paysans dans les campagnes ».
Quel bilan tirez-vous de cet atelier « Lait » des EGA Hauts de France ?
Attendons de voir. J’espère que nous n’accoucherons pas d’une souris comme pour les États généraux de l’élevage dans les Hauts de France où un budget conséquent à été dépensé pour réaliser de beaux audits sur nos exploitations, et pour nous expliquer au final que nous n’étions pas assez performants. On a débloqué de l’argent public qui est allé dans les poches des intermédiaires : on n'a pas aidé les paysans!