La treizième édition du colloque de l’OPL (Organisation des producteurs de lait), section Lait de la Coordination Rurale, s’est tenue cette année en Haute-Savoie (74) sur la commune de Marigny-Saint-Marcel. Les échanges de la journée s’articulaient autour de la méthanisation et de la filière laitière en Savoie, thèmes qui ont suscité l’attention des plus de 90 participants présents. À noter la présence de nombreux jeunes et futurs éleveurs qui ont montré un intérêt particulier aux thématiques abordées et ont activement participé aux échanges (accéder au programme de la journée).
La méthanisation : entre mythe et réalité
L’Institut Solagro, entreprise associative engagée dans le domaine énergétique et représentée par Thomas Filiatre, a pu présenter la méthanisation sous l’angle de la durabilité et de la transition agroécologique (voir la présentation). Il a également pu répondre aux réticences des participants sur le développement quelques fois incontrôlé du nombre de méthaniseurs dans certaines régions, mais aussi de la taille des unités de méthanisation. Il a rappelé que les projets de méthanisation devaient être adaptés aux ressources disponibles sur l’exploitation afin de ne pas être surdimensionnés. En effet, le choix de la méthanisation conduit à l’achat extérieur de matière organique, ce qui représente une dérive du système. Il a également expliqué l’intérêt des CIVE (Culture intermédiaire à vocation énergétique) qui se positionnent entre deux cultures principales et n’empiètent théoriquement pas sur les cultures destinées à l’alimentation. Un décret de 2016 plafonne les approvisionnements en matières organiques issues des cultures principales à hauteur de 15 %, ce qui encourage certains agriculteurs à « abuser » des CIVE pour approvisionner leur outil qui ne sont pas contrôlées.
La Coordination Rurale prône, de son côté, le développement d’unités de méthanisation à l’échelle de l’exploitation plutôt que les grands projets collectifs qui utilisent de manière plus importante les couverts végétaux et la biomasse. Le syndicat demande également un contrôle renforcé sur les approvisionnements des méthaniseurs en matière organique et notamment de l’utilisation des CIVE, afin de ne pas substituer les ressources alimentaires à la production d’énergie. La table ronde qui a suivi a permis de mettre en exergue ces éléments et de répondre aux questions et aux inquiétudes des participants.
La filière laitière de Savoie et son réseau de coopératives
L’après-midi a été l’occasion pour la FDCL (Fédération départementale des coopératives laitières) de présenter la filière laitière de Savoie qui dispose de particularités qui la distinguent du reste du territoire. En effet, avec ses 1 340 producteurs, la filière laitière savoyarde transforme les 400 millions de litres de lait collectés chaque année essentiellement en fromage (contre 34 % à l’échelle nationale). Ces fromages, très bien identifiés par les consommateurs français, sont parmi les plus vendus en France : on retrouve cinq fromages savoyards dans les vingt fromages les plus vendus. Ainsi, le Reblochon étant le fromage savoyard le plus prisé, il se classe troisième derrière le Roquefort et le Comté à l’échelle nationale. Les exploitations laitières disposent au sein même de la filière savoyarde de particularités structurelles hétérogènes. En effet, outre la typicité et le mode de production encadrés par un cahier des charges très strict, les tailles d’exploitations varient très fortement : de 140 000 litres par exploitation en zone Beaufort à 345 000 litres par exploitation en moyenne en zone Tomme et Emmental de Savoie. En ce qui concerne les résultats économiques et notamment les marges des exploitations, elles sont comparables entre zones, mais font preuve de variabilités importantes.
La journée s’est clôturée sur le thème de l’installation et la transmission et a notamment vu l’intervention de Joris Miachon, responsable de la section Jeunes de la CR : « À la CR, on souhaite que le parcours à l’installation soit simplifié et incitatif ». Il était accompagné à la tribune par Jérémy Béchet, jeune agriculteur s’étant installé sans aide à l’installation. Retrouvez les propositions de la section Jeunes en cliquant ici.