Pour cette 15e étape du Tour de France 2017, le peloton arrivera au Puy-en-Velay, en Haute-Loire. C'est là, à Lissac précisément, que Fabien, 30 ans, est l’un des associés du Gaec de la Chamade. La ferme est spécialisée en production laitière et a développé un atelier bovins viande limousine d’une vingtaine de mères. Leur particularité : 7 associés au sein du Gaec familial, dont 4 jeunes installés depuis début 2010.
La situation de ta ferme est assez atypique : comment se fait-il qu’il y ait autant de jeunes ?
Avant mon installation, le Gaec comptait 4 associés : mes parents, mon oncle et ma tante. Mon cousin et moi souhaitions nous installer, mais cela semblait compliqué car trouver du foncier n’est pas simple. Mais nous avons eu la chance d’avoir des terres qui se libéraient à proximité et nous avons sauté sur l’occasion pour nous installer tous les deux, en décembre 2011. En 2016, mon frère et un autre cousin nous ont rejoints alors que mon oncle prenait la retraite. Aujourd’hui, nous avons un contrat laitier avec Sodiaal de 1,3 million de litres de lait, que nous ne produisons pas en totalité, et nous travaillons 280 hectares. Nous livrons notre lait en conventionnel. Les perspectives de valorisation ne sont donc pas très importantes. Nous avons donc fait le choix de favoriser l’autonomie fourragère pour réduire au maximum les charges d’alimentation ; nous n’achetons plus aujourd’hui qu’un peu de foin et de maïs ensilage.
Et comment ton installation s’est-elle déroulée ?
J’avais suivi un cursus scolaire pour pouvoir m’installer : Bac STAE, BTS Acse, licence expertise agroenvironnementale en travaillant à côté. J’ai donc été exempté du stage de 6 mois et je n’ai eu à suivre que les 21 heures. Par contre, le parcours administratif a été très long : mon installation a été effective deux ans après le début du projet ! Mon parcours installation en lui-même a pris une année entière du fait de la montagne de démarches administratives à faire. Dans le Gaec, nous avons tous fait le choix de l’installation aidée et donc en 2016, nous avons fait un avenant aux PDE de 2011 avec l’installation de nos deux frères respectifs. L’installation aidée reste la norme dans notre département, tout comme l’installation en famille (père/enfant, époux/épouse...). Je ne sais pas comment font les jeunes non issus du milieu agricole pour pouvoir s’installer, accéder au foncier et aux financements.
Quels sont aujourd’hui les projets ?
Nous faisons le pari que le contexte laitier va s’améliorer, tout en préparant le futur départ de nos parents. Notre premier bâtiment est saturé, ce qui limite la production des animaux. L’installation de deux nouveaux jeunes est l’opportunité de construire un nouveau bâtiment. Il doit nous permettre, sans augmenter le cheptel, d’améliorer la capacité de production de nos laitières et de rationaliser le travail (traite et soin des animaux) pour atteindre nos 1,3 million de litres sous contrat. Pour ce qui est du foncier, nous avons atteint une surface correcte : si l’opportunité se présente nous reprendrons des surfaces proches, mais nous n’irons pas plus loin. Notre objectif premier aujourd’hui est l’amélioration des conditions de travail et la rationalisation des coûts.
Et pourquoi se syndiquer et pourquoi choisir la CR ?
Lors de l’installation, beaucoup de jeunes intègrent les JA. Je n’en voyais pas trop l’intérêt. Il faut dire aussi que le président de la CR43 fait partie de mon entourage proche. Nous avons beaucoup parlé des propositions de la CR, et je suis convaincu que le principal combat que nous devons mener est celui de nos prix de vente : la vente de lait doit rémunérer le producteur, pas les « à-côtés » ! Aujourd’hui, les coopératives ne se mouillent pas trop. Notre secteur est collecté par Sodiaal et Bongrain, et on pourrait penser qu’avec les cessations d’activité, elles soient en concurrence pour récupérer des producteurs. Mais ce n’est pas le cas : même pour une structure comme la nôtre, avec 4 jeunes parmi les sociétaires, ne pourrait être un investissement à long terme pour elles.
