« C’est une filière à l’abandon », clame haut et fort Max Bauer, horticulteur, président de la Coordination Rurale du Var.« La filière horticole Varoise continue de se dégrader, à l’image de l’horticulture nationale Depuis des années nous ne cessons de tirer la sonnette d’alarme. Il y a encore une décennie il y avait 140 producteurs de roses sur le bassin varois. Aujourd’hui, il en reste seulement cinq ! ».

Une crise sans précédent

L'ensemble de la filière horticole varoise, déjà sévèrement pénalisée par la crise sanitaire, connaît aujourd’hui des difficultés sans précédent. Le coup de grâce ? La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie, premier exportateur mondial de fleurs coupées. « La Russie représente 12 % du chiffre d’affaires des exportations. Aujourd’hui, ce contexte de conflit et de tension économique, impacte les transactions qui sont à l’arrêt. Le cours des fleurs est en chute libre, de l’ordre de 30 %, en raison de la perte d’acheteurs russes » déplore Max Bauer,

Des coûts qui ne cessent d’augmenter

Pour ne rien arranger, la filière fait également face à l'augmentation des prix de l'énergie et des engrais. « la production de rose est particulièrement énergivore. C’est pourquoi de nombreux horticulteurs du département, se tournent vers d’autres espèces végétales moins fragiles, notamment la pivoine. La filière glisse ainsi lentement vers une monoculture, qui risque à terme de tasser les prix » alerte Max Bauer.

Un marché déstabilisé

La faiblesse de la production locale, attise la convoitise des pays tiers , tel que que le Kenya ou l’Italie. « Le différentiel de concurrence (contraintes administratives, règles phytosanitaires, règles sociales…) est devenu tel que même la mise en valeur hexagonale du produit ne suffit plus » déplore-t-il. Plus grave encore, souligne le président de la CR du Var « les Pays Bas, véritable plaque tournante mondiale du marché des fleurs et qui sont également impactés par la fermeture du marché russe, commercialisent leurs produits ailleurs, à des prix défiants toute concurrence. Ce phénomène risque ainsi de déstabiliser, voire de conduire à l’écroulement du marché français ».

Une impasse technique

« L’ effondrement qui s’annonce sera complet »  ajoute Max Bauer. « La France est en effet le seul pays européen à ne pas autoriser certaines molécules de traitements et de désinfection. Or, cette carence a un effet désastreux sur la qualité de nos bulbes. La France et le Var ont ainsi perdu leur leadership dans la production de bulbe et les acheteurs se tournent désormais vers Israël ou l’Italie. C’est donc l’ensemble de la filière qui est à l’agonie ! »

Des propositions pour redresser le marché

Pour limiter l’érosion du marché, la profession, avec l’appui de la Coordination Rurale encourage notamment les consommateurs à privilégier des fournisseurs français (Environ 85 % des fleurs coupées achetées en France sont importées). Côté sanitaire, « il faudrait notamment pouvoir utiliser les mêmes intrants et produits de traitement que les maraîchers. Les produits pulvérisés pour lutter contre les pucerons de la tomate ne sont pas autorisés sur le rosier. C’est un non sens ! » Enfin, le président de la CR du Var et l’ensemble de la filière, demandent que soit rapidement mis en place un plan de relance, « avec de réels investissements et une véritable volonté politique et non pas un simple saupoudrage ».      

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