Les opérateurs de coupe et de transport de la canne à sucre demandent une augmentation de 3,60 €/tonne. Cette demande est certes légitime, mais qui va payer ?

Récolte de la canne : une énième augmentation des coûts

Du côté des producteurs, le prix de la tonne de canne, sur la base d’une richesse de 9, est défini, par convention, à 56 €/tonne depuis 2015. Cependant, depuis cette date, les revenus d’exploitation des agriculteurs ont diminué. D’une part, les prix des matières premières, des prestations de travaux agricoles, de la main d’œuvre et des charges opérationnelles et structurelles sur les exploitations ont augmenté. D’autre part, les rendements sont de plus en plus faibles du fait de mauvaises pratiques agricoles lors des récoltes, de la mauvaise qualité des fertilisants, des déséquilibres pluviométriques liés au réchauffement climatique.

Tout cela participe à la fragilisation d’une filière désorganisée et soumise à plusieurs problèmes comme le manque de transparence dans le calcul de la richesse saccharine, pourtant à la base du calcul du prix de vente. L’interprofession ne joue pas son rôle : tous les syndicats et les SICA ne sont pas représentés, tandis que le GIE CANNE prend des décisions politiques concernant l’administration de la filière. Ce qui n’est pas sa raison d’être.

Par conséquent, de nombreux agriculteurs ont préféré se tourner vers d’autres cultures. En quelques années, les 700 000 tonnes de cannes produites ont diminué à 400 000 tonnes. Nous manquons sérieusement de visibilité sur l’avenir de la filière à long terme.

 

Intervenez !

La Coordination Rurale Gwadloup n’a eu de cesse de dénoncer ces pratiques et de proposer à l’État, à l’interprofession Iguacanne, aux syndicats (FDSEA, JA, MODEF, UPG), ainsi qu’aux instances de la Chambre d’agriculture des solutions qui permettraient de pérenniser la filière canne, sucre et rhum de la Guadeloupe et des dépendances.

La CR Gwadloup dénonce cette nouvelle tentative d’augmentation des charges. Il serait illusoire de penser que les planteurs pourraient supporter une nouvelle hausse des coûts. La CR Gwadloup soutient que toute augmentation des charges cette année signera l’extinction de la filière canne à sucre en Guadeloupe.

 

Le bio nous sauvera-t-il ?

Il semblerait aujourd’hui que l’avenir de la canne à sucre soit l’agriculture biologique. « Cette solution est vendue comme étant le Nirvana ! C’est ce que souhaitent l’État et l’usinier, qui se disent prêts à accompagner les producteurs. Pourtant, aucune étude de marché n’a été publiée, aucun itinéraire technique adapté à notre climat n’a été proposé. Certes, le prix de vente du sucre de la canne bio est alléchant, mais une fois qu’on soustrait les marges des intermédiaires, que reste-t-il au producteur ? Quel est le prix de revient ? » questionne Rony Crane, secrétaire général de la CR Gwadloup.

Tant de questions sans réponse qui inquiètent, à raison. Aujourd’hui, la canne conventionnelle est vendue 56 €/tonne. Au bout de la chaîne, les sucres dits « spéciaux » sont vendus entre 1800 et 2000 €/tonne. Quelle est cette injustice ?

En outre, la filière élevage est moribonde et pourra difficilement nous fournir la matière première nécessaire pour alimenter des cultures biologiques. La Chambre ne jouant pas son rôle, à ce jour, aucun planteur n’a été contacté ou informé du devenir de cette filière.

 

L’agriculture guadeloupéenne subit une crise systémique. Il est essentiel, pour la survie de la filière canne, et donc des filières sucre et rhum, que les planteurs prennent leur destin en main pour, avec l’appui de la CR Gwadloup, relèver les défis qui se présentent.

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