Dès 2010, la Coordination Rurale dénonçait l’instabilité du GNR et les surcoûts pour les agriculteurs tant en terme de travail que financiers, liés au stockage, nettoyage, vidange, adaptation des moteurs,...alors même que leur situation financière se dégrade d’année en année.

La Coordination Rurale demandait d’utiliser la possibilité de dérogation offerte par la directive européenne pour ne pas pénaliser les agriculteurs avec cette nouvelle contrainte et de renoncer définitivement à ce projet. Nos collègues de la FDSEA, hostiles à cette dérogation, considérant ‘qu’il serait dommage de dire non à un carburant qui serait plus propre’ ne nous ont pas suivis.

Malheureusement, le Gas-oil Non Routier, obligatoire en agriculture depuis novembre 2011 n’a pas tardé à montrer ses imperfections : difficultés de démarrage des anciens véhicules, figeage du GNR dans les cuves ou dans les réservoirs à des températures froides mais pas exceptionnelles, etc…… En conséquence, les tracteurs de certaines exploitations sont immobilisés. On assiste à une paralysie de la situation et à un véritable défilé chez les concessionnaires pour commander des filtres …..qu’ils n’ont même plus en stock ! alors que les éleveurs ont besoin de tracteurs en permanence pour transporter eau, aliments, paille,… et soigner leurs animaux. Les marchands de produits pétroliers sont sans cesse interpelés et n’ont pas de réponse à cette situation. Le retour au fioul rouge pour certains a été un moyen de palier au plus vite à l’urgence et de retrouver des conditions de travail acceptables. Pour la plupart des exploitations, cette situation a entrainé des surcoûts de remise en marche (changement des filtres) et un surcroît de travail important alors même que les installations concernées par ces difficultés sont toutes équipées de cuves neuves aux normes et ont reçu des livraisons de GNR d'hiver garanti pour supporter des températures jusqu'à -15°C/-20°C. Manifestement le GNR d'hiver annonce des garanties qu'il ne respecte pas car les problèmes ont surgi bien avant -15°C ! De plus, la mise en place du GNR a entraîné, pour les agriculteurs des investissements importants et créée une augmentation des charges, le GNR étant bien plus cher que le fioul rouge précédemment utilisé. Les dépenses générées par les contraintes, notamment de gestion des stocks, devaient les mettre à l'abri de ce genre de déconvenues et il est inadmissible qu’ils se retrouvent aujourd'hui dans de telles situations. Les agriculteurs n'ont pas à porter la charge financière de réparations de pannes dont ils ne sont pas responsables et qui, ne survenaient pas aux cours des précédents hivers rigoureux, dans des conditions climatiques similaires. Quant au carburant propre, ne nous voilons pas la face : Seulement 10% du fioul domestique est destiné à l’agriculture en France 7% d’incorporation de biocarburants sur ces 10% de fioul représentent un impact négligeable quand à nos engagements européens. Il est de plus inadmissible de devoir payer un carburant plus cher alors même que nous fournissons la matière première utilisée dans ce processus. Comment expliquer aux consommateurs que les productions agricoles bénéficiant d’aides PAC se retrouvent dans le circuit des carburants et sont alors, encore une fois à leur détriment, largement taxés par l’Etat ? D’autant que les usines d’agro carburants françaises, subventionnées,  ne sont pas rentables et pénalisent déjà le producteur par des prix bas de la matière première. Il est intolérable de devoir mettre dans ces carburants nos productions nationales suivies, contrôlées, tracées et de qualité, destinées avant tout à une utilisation alimentaire saine alors même que l’Europe dont la France, est l’un des principaux importateurs mondiaux d’huile de palme de qualité douteuse avec des risques sur la santé et qui envahit actuellement nos assiettes! Loin d’être en défaveur du respect de l’environnement, les paysans refusent ces mesures qui paralysent leurs entreprises, brisent leur compétitivité et sont un frein de plus à l’esprit d’entreprendre. Il est encore temps de changer cela et de stopper ces aberrations et ces contraintes qui ne font que pénaliser toujours plus notre agriculture déjà largement en difficulté. La Coordination Rurale a alerté les pouvoirs publics sur ces problèmes et demande que le GNR ne soit plus obligatoire en agriculture. Lydie DENEUVILLE Présidente de la CRUR Bourgogne

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