L'Assemblée Générale de la Coordination Rurale de Saône-et-Loire s'est tenue le jeudi 28 avril à Saint-Christophe-en-Brionnais, en plein cœur du bassin allaitant de la race charolaise. L’occasion de procéder à une rétrospective de l’activité syndicale de 2015 et d’échanger sur de nombreuses questions d’actualité.

Au cœur du débat : la crise de l'élevage.

 

Après avoir fait un tour d'horizon des actions menées par le syndicat durant l'année 2015, les administrateurs de la CR71 ont laissé la parole aux trois intervenants conviés à l'Assemblée :

  • Bernard Lannes, Président national de la Coordination rurale
  • Jean-Luc Livrozet, Président de l'interprofession bovine de la région Auvergne
  • Paul Paccaud, Président des commerçants en bestiaux de Saône-et-Loire

Un débat riche entre les intervenants et les agriculteurs qui s'est poursuivi pendant plusieurs heures, passant en revue les difficultés des agriculteurs, les solutions à la crise, l'avenir de l'agriculture...

L'assemblée s'est clôturer autour d'un apéritif convivial.

Retrouvez ci-dessous le rapport moral de Gilles Rizard, Président de la CR71 :

Chers collègues,

L'actualité du monde agricole n'est pour le moins pas réjouissante. Toutes les productions sont concernées avec des cours qui ne nous permettent pas de vivre de notre métier.

Nous sommes dans le cœur du bassin allaitant, tous ces éleveurs qui connaissent crise sur crise ne voient plus le bout du tunnel. Toutefois, je n'oublie pas les autres secteurs de production, la crise aujourd'hui est générale, l'ensemble de la profession est touché.

Nous ne devons pas rougir de notre façon de travailler, même lorsque nous avons du mal à joindre les deux bouts. Nous ne sommes pas responsables d'un système qui nous pousse à en faire toujours plus, à voir toujours plus grand pour gagner moins. Tout comme vous, j'ai l'impression de subir ce système que nous n'avons pas choisi et que la Coordination Rurale combat depuis plus de 20 ans.

Je crois personnellement que nos politiques sont responsables et cela quelle que soit leur couleur. Depuis 1992, nous bradons nos produits au profit d'une PAC qui devait compenser des prix bas pour avoir soi-disant une vocation exportatrice.

A ce jour, on nous demande de remplir la PAC 2016 alors que d'une part la PAC 2015 n'est pas intégralement réglée et que d'autre part les modalités de celle-ci ne sont ni claires, ni définies.

Pire encore, l'Europe avec l'accord de l’État français est en passe de signer des accords d'échanges commerciaux, des échanges qui viennent concurrencer nos produits de qualité et tout cela sans cahier des charges, sans l'ensemble des règles et des contraintes auxquelles nous obéissons.

Que faut-il penser quand on entend le Premier Ministre dire que nous produisons trop alors qu'il y a un an les statistiques disaient le contraire. Se sont-ils posés la question de savoir ce qui se passerait alors qu'ils mettaient en place des sanctions contre la Russie, provoquant par la-même un embargo sur les produits européens et français. Je pense que nos dirigeants ont oublié le monde agricole et même qu'ils n'en ont plus rien à faire. Dans certaines exploitations, les conséquences de ces choix politiques ont été dramatiques. J'ai l'impression que le nombre trop important des exploitants qui se suicident les laisse impassibles.

Mes chers collègues, nous devons redresser la tête, être fiers de notre métier, de nos productions, et tous nous unir derrière la Coordination Rurale. Nous avons beaucoup à faire pour changer les choses, et ce changement ne sera possible qu'en nous serrant les coudes.

Il faut revenir à un système de prix rémunérateurs et non continuer par le versement de primes ou autre systèmes portant un autre nom, des primes auxquelles sont attachées de nombreuses contraintes, le tout assorti de nombreux contrôles.

Ce ne sont pas les agriculteurs qui doivent changer mais les politiques, ils doivent ouvrir les yeux et se remettre en cause.

Le changement ne doit pas seulement se traduire par des prix rémunérateurs, il est nécessaire d'abaisser les charges pesant sur nos entreprises. La TVA sociale défendue et demandé depuis plus de 15 ans par la Coordination Rurale est l'un des leviers utilisables. De plus en plus d'économistes et de politiques en parlent, mais nos dirigeants vont-ils avoir enfin le courage de la mettre en place ?

Cette TVA ne serait pas seulement bénéfique pour nous, exploitants agricoles, en permettant à la fois de réduire nos cotisations et de rendre nos produits plus compétitifs, mais elle serait bénéfique pour l'ensemble des productions françaises, et par extension bénéfique pour l'emploi en encourageant les relocalisations.

Et aujourd'hui, puisque l'Europe existe avec ses avantages, ses inconvénients, ses réussites, ses grands défauts qui pèsent tant sur nous, il serait temps que l'harmonisation ne joue pas seulement sur le plan économique et monétaire mais également sur le plan social et fiscal. Cette harmonisation permettant d'améliorer les protections de nombreuses personnes mais surtout évitant que les pays de cette Union se fassent concurrence les uns les autres… avec une France, détentrice d'un modèle social protecteur et ouvrant les soins à tous, modèle qui coûte cher, un coût pesant sur les productions, se trouvant de moins en moins compétitrice par rapport à ses voisins.

Il ne faut pas oublier que le territoire est en grande partie entretenu par le monde agricole, et nous le faisons plutôt bien aux dires des touristes qui viennent chaque année dans nos campagnes, profiter des paysages, de notre belle nature et des produits locaux.

Alors battons-nous tous ensemble avec la Coordination rurale et non avec M Beulin qui sert déjà ses propres intérêts avant ceux de la profession.

Dans la même catégorie

Bourgogne Franche-Comté
CR 58
Bourgogne Franche-Comté
CR 71