A la veille des élections présidentielles et législatives, la CR58 s'adresse à tous les partis politiques du département leur demandant de se positionner clairement sur les lois COV et MON810 A Monsieur Michel VENEAU Président du groupe UMP de la Nièvre Monsieur VENEAU, Le 28 novembre 2011, le Conseil d’État a décidé l’annulation de la suspension du maïs MON 810 dans notre pays alors que les citoyens - consommateurs français - restent majoritairement opposés à la présence d’OGM à la fois dans les champs et dans leurs assiettes. Cette décision a été accueillie bien évidemment de façon très positive par les semenciers qui n'aspirent qu'à imposer la culture des OGM en France et surtout conforter ainsi leur monopole et les bénéfices conséquents qui vont avec. Cette décision est aussi méprisante pour une majorité d’agriculteurs dont l’image, une fois de plus, sera noircie et bafouée par des consommateurs qui ignorent quels sont les véritables bénéficiaires de cette mesure. Ce même jour à l’Assemblée nationale, l’UMP et le Ministre de l'Agriculture Bruno LE MAIRE ont fait voter en force la loi inique sur les certificats d’obtentions végétales (COV) au détriment de tous les agriculteurs français. Il est particulièrement regrettable que cette loi ait bénéficié de l'appui de Xavier BEULIN, président de la FNSEA, lequel a affirmé qu'il est "normal que participent aussi au financement de la création variétale, puisqu'ils en bénéficient". Le président de la FNSEA, également président du groupe Sofiprotéol qui détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français (Euralis Semences, Limagrain...), est en pleine confusion d'intérêts. Il a choisi son camp... et ce n'est pas celui des agriculteurs! Il est grand temps de faire cesser ces « arrangements » et de venir réellement au secours des agriculteurs français. Bien que la politique vous en ait éloigné, vous êtes vous-même d’origine paysanne, et vous devriez vous souvenir :
  • que le droit de ressemer sa propre récolte est un droit ancestral. Armand, votre père, et ses aïeux l’ont pratiqué bien avant vous ;
  • que la semence de ferme participe à la baisse des coûts de production ;
  • que la semence reproduite à la ferme offre une excellente traçabilité aux consommateurs parce qu’elle représente le circuit le plus court, permettant une moindre consommation d’énergie ;
  • qu’elle permet de participer à la démarche « Ecophyto » en laissant le choix à l’utilisateur d’utiliser ou non des produits de traitement de semence ;
  • que l’utilisation des semences fermières est très répandue dans le département ;
  • qu'elle s’adapte parfaitement aux besoins des agriculteurs : les quantités de semences à l’hectare peuvent varier du simple au double en fonction des dates de semis et des conditions climatiques ;
  • qu’elle participe au maintien de la biodiversité et à la pérennisation de certaines variétés anciennes et rustiques ;
  • qu’elle permet l’emploi de nombreux trieurs à façon ;
  • que dans les terres à faible potentiel comme vous connaissez bien, aux Ormousseaux ou à St Père, l’utilisation de semences bien que certifiées ne garantit pas de rendement record ;
  • qu'en février 1956, le gel ayant détruit tous les semis de blé en France et les semenciers n’ayant pas prévu cela, heureusement que la prudence des agriculteurs a permis de vider les greniers pour ressemer et nourrir la population. Que serait devenue la France sans cette production de blé ?
  • que par son expérience, son savoir faire, son bon sens, l’agriculteur contribue à la diversité, à l’évolution et à l’adaptation des espèces en fonction des terroirs ;
  • que bien évidemment les agriculteurs ne refusent pas la recherche. Cependant, ils  acceptent de payer très cher, une fois pour toute, une semence certifiée qui a bénéficié de recherche et qu’ils en sont dès lors propriétaires à part entière ;
  • que cette même semence, au fil des re-semis, perd sa certification, sa qualité, se dégrade et ne justifie plus une taxe annuelle payable par tous les paysans ;
  • qu’il est exorbitant que les paysans français supportent annuellement le poids d’une taxe pour le financement d'une recherche effectuée pour des semenciers dont la majorité de la production est destinée finalement à l’exportation ;
  • que de surcroît le prix de semences pour les agriculteurs Français est beaucoup plus élevé que celui des semences exportées ;
  • que seule l’interprofession sera consultée pour établir cette taxe, sans que les trieurs à façon et les syndicats agricoles ne soient invités à la table des discussions ;
  • que les agriculteurs, s’ils la financent, devraient pouvoir orienter eux-mêmes la recherche et avoir un droit de regard sur l’utilisation de cette taxe ;
  • que les semenciers ne peuvent pas revendiquer être les seuls à l'origine de l’amélioration de la production. L’apport d’engrais (phosphate, potasse, azote…), de produits phytosanitaires, le machinisme, la technique, le savoir-faire de l’agriculteur ou encore ses choix de rotation contribuent largement à la progression et à l’amélioration tant qualitative que quantitative des rendements ;
  • que les semenciers bénéficient déjà de niches fiscales et de crédits d’impôts pour la recherche ;
  • que les bénéfices des semenciers sont disproportionnés et indécents au regard de la situation économique et financière catastrophique dans lesquelles se trouvent les agriculteurs ;
  • que sachant que plus de 50 % des semences utilisées en France sont des semences de ferme, il est facile d'estimer le butin que se préparent les semenciers avec leur interdiction… Un véritable racket généralisé !
  • que pour établir leurs variétés, les semenciers ont puisé gratuitement les lignées de leurs semences dans les réserves des paysans qu’ils veulent maintenant asservir ;
  • que les droits des paysans de ressemer et d’échanger leurs propres semences sont le dernier rempart contre la confiscation de toutes les semences et du droit à la souveraineté alimentaire par une poignée de multinationales de l’agrochimie.

Un pays qui ne conserve pas les moyens de maîtriser sa souveraineté alimentaire perd inexorablement sa souveraineté politique. Et les électeurs s’en souviendront ! L’agriculture en France, toutes productions confondues, perd sa liberté. Elle est asservie, criblée de taxes, CVO et prélèvements abusifs de tous genres.

Aujourd’hui, la mission des paysans est de nourrir la population en quantité et en qualité pour pas cher, sans que personne ne se préoccupe de leurs conditions de vie, conditions exécrables qui les ont fait disparaître de moitié en 10 ans. CA SUFFIT !!! Les paysans aspirent à plus de considération, de dignité et à une rémunération descente. Désormais, nous sommes prêts à boycotter ces taxes et ces prélèvements iniques. Aussi, à la veille des élections présidentielles et législatives de 2012, les agriculteurs ont besoin de connaître clairement vos positions personnelles sur la loi COV et MON810. Nous vous demandons de vous prononcer clairement : 1. Êtes-vous OUI ou NON pour l’application de ces deux lois ? 2. Êtes-vous prêt à proposer une loi qui rende aux agriculteurs leur entière liberté de ressemer l’ensemble de leurs récoltes, quelle qu’en soit l’espèce, et cela sans avoir à payer aucune redevance à quiconque ? 3. Dites-nous si vous, Président de l’UMP de la Nièvre, voulez OUI ou NON garder une agriculture française ? Et si OUI, avec quels paysans : libres ou asservis ? La convention de Rio de 1991 et le traité de la FAO sur les ressources phytogénétiques de 1997 ratifiés par plus de 150 pays engagent une réflexion sur la gestion de la biodiversité agricole à travers la reconnaissance du droit des agriculteurs afin d’éviter que les acteurs les plus puissants ne monopolisent la filière semence. En toute illogique, l’Europe et la France y compris vont à l’opposé de cette convention en pénalisant la majorité des paysans européens qui utilisent largement les semences de ferme. Il est toujours temps de changer le cours des choses. 4. Êtes-vous OUI ou NON pour une modification et une évolution du règlement européen ? Il est urgent de vous prononcer en toute clarté face aux agriculteurs et aux citoyens - consommateurs afin de leur permettre de profiter des futures échéances démocratiques pour choisir celles et ceux qui conduiront leur avenir européen, français et nivernais de façon conforme à leurs attentes. Ces questions sont vitales pour tous les paysans et pour la sécurité alimentaire de tous les pays. C'est pourquoi la Coordination Rurale sera intransigeante sur ce dossier et vous remercie d’avance pour l'attention que vous y consacrerez. Dans l’attente de vous lire, recevez, Monsieur le Président, l’expression de notre sincère considération.
La Présidente de la Coordination Rurale de la Nièvre
L. DENEUVILLE

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