Suite au courrier que la CR58 a envoyé à tous les candidats aux élections législatives 2017 sur les circonscriptions de la Nièvre (voir l’article), M. Mohamed Lagrib, candidat du mouvement "La France qui ose", a répondu.

Mohamed Lagrib Candidat de La France qui ose sur la 1ère circonscription

1) Si vous êtes élu(e), quelle est la première mesure que vous appliquerez pour l’agriculture ?

Il y a urgence à décréter une exception agricole française, susceptible de rendre leur dignité aux agriculteurs à travers le modèle de l’agro-écologie, seul moyen de concilier des méthodes de culture et de production durables et la rentabilité des exploitations françaises.

2) Le développement durable et numérique des territoires vise à préserver cinq équilibres: économique, sociétal, environnemental, mais aussi culturel et territorial. Qu’allez-vous entreprendre pour que les zones rurales de la Nièvre ne restent pas abandonnées face à l’évolution des nouvelles technologies (internet- téléphonie) et qu’elles puissent en bénéficier pleinement et à coût égal ?

Pour résorber la fracture numérique, lancer un plan national pour une couverture totale en matière numérique et téléphonie mobile.

3) Les zones intermédiaires ou « à faible potentiel » agronomique sont nombreuses dans la Nièvre mais la répartition des aides de la PAC décidée par le gouvernement ne permet pas aux agriculteurs concernés par ce zonage de s’assurer un juste revenu. Les trésoreries en souffrent, d’autant plus que nous venons d’essuyer 3 années successives de mauvaises récoltes. Qu’envisagez-vous de faire pour aider les exploitations en zones intermédiaires à surmonter ces difficultés ?

Créer une nouvelle PAC qui réoriente les aides vers les exploitations œuvrant en faveur de l'éthique et de l'environnement (élevage en plein air, respect du rythme biologique des animaux, soins vétérinaires particuliers et non de troupeaux, utilisation d'engrais et de pesticides naturels ...).

Pour limiter le dumping social et favoriser les circuits courts, mettre en place une TVA réduite pour les produits nationaux et une TVA à 20% pour les produits importés issus de la concurrence déloyale, en attendant une harmonisation réelle des SMICs européens, ainsi que pour les produits dont les emballages contiennent des hydrocarbures. Option alternative, plus conforme à la réglementation européenne : instaurer une TVA sociale et environnementale.

4) Les accords de libre-échange (Ceta) ratifiés par l’Union européenne annoncent des conséquences désastreuses sur la filière viande bovine. Les éleveurs allaitants, déjà mis à mal par la crise agricole et la chute du prix de la viande, seront frappés de plein fouet par ces distorsions de concurrence. Sans aides ou mesures de protection, les élevages du département seront amenés à disparaître. Que comptez-vous faire pour aider les éleveurs et redresser la filière ?

Traditionnellement première puissance agricole d’Europe, la France est désormais sinistrée par le productivisme. Alors que l’agriculture représentait 4 % de l’économie française dans les années 1980, elle n’en représente plus que 1,7 % en 2014. Le nombre d’emplois agricoles est passé de 6 millions à la fin des années 1950 à 850 000 en 2013.

Il faut dire que sept pays européens n’ont pas de SMIC. Un travailleur gagne 2 000 euros mensuels en France, contre 600 euros seulement en Espagne. La directive « Travailleurs détachés », qui applique les charges sociales du pays d’origine, a créé un dumping social dévastateur pour l’agriculture française : ainsi, en 2014, 230 000 travailleurs détachés officiaient en France, soit une hausse de 8 % par rapport à l’année 2013. Dans l’agriculture, l’augmentation a été de… 1000 % entre 2004 et 2011 !

Travail dissimulé, emploi de travailleurs sans papiers, non-respect des normes d'hygiène et de sécurité, sous-traitance en cascade, faiblesse des sanctions (54 constats d’infraction en 2013) : ce sont les nombreuses facettes du travail illégal. Certains travailleurs français sont même détachés… en France par leur entreprise, via une agence d'intérim à l'étranger, dans un pays où les charges sociales sont moindres.

Conséquence : en janvier 2016, 1000 litres de lait se vendent 270 euros, quand ils coûtent environ 300 euros à produire. Ce système consumériste ne tire pas seulement les prix, mais également la qualité, vers le bas, comme le prouvent les scandales sanitaires de ces dernières années (vache folle, bactéries dangereuses dans les pousses de soja, nanoparticules).

Il y a urgence à décréter une exception agricole française, susceptible de rendre leur dignité aux agriculteurs à travers le modèle de l’agro-écologie, seul moyen de concilier des méthodes de culture et de production durables et la rentabilité des exploitations françaises.

5) La gestion des populations de grand gibier et de nuisibles pose problème dans le département. Les agriculteurs victimes de dégâts, désabusés face aux faibles propositions d’indemnisations ou aux solutions inappropriées sont de moins en moins nombreux à les déclarer (les estimations coûteuses pouvant même être laissées à leur charge). Pour remédier à cette situation, le dialogue avec la fédération de chasse est à reconstruire. Quelle est votre position sur le sujet ?

Créer un ministère plein de la Ruralité, comme il existe un ministère de la Ville afin que ces questions soient enfin traitées.

6) Les agriculteurs sont actuellement frappés par une crise sans précédent dont la fin ne semble pas se profiler. Difficultés financières, pression administrative, détresse psychologique… si la situation ne s’améliore pas, beaucoup d’agriculteurs seront contraints de mettre la clé sous la porte d’ici un an, malgré les dispositifs d’aides mis en place, souvent inaccessibles de par leurs critères d’éligibilité. Quelles solutions proposerez-vous pour soutenir les agriculteurs en difficulté ?

Redonner aux agriculteurs les moyens de vivre de leur travail par un Plan d’installation paysanne prévoyant l’encouragement du financement participatif pour pallier les problèmes d’endettement.

Cesser la persécution des agriculteurs en allégeant l’administration pléthorique de l’agriculture et en réalisant un audit indépendant sur l’application française des normes européennes, trop souvent sur-interprétées.

Développer les revenus complémentaires pour les exploitations agricoles par un assouplissement des normes exigibles (production de biogaz, location d’espace habitable, éducation à la nature, classes vertes dans les fermes).

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