Suite au courrier que la CR21 a envoyé à tous les candidats aux élections législatives 2017 sur les circonscriptions de Côte-d’Or (voir l’article), M. Patrick Muller, candidat de l'Alliance écologiste indépendante sur la 5e circonscription, a répondu.

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"Je tiens d'abord à vous remercier pour l’intérêt que vous portez à la connaissance de mes et nos positions concernant la situation et le devenir du monde agricole, au travers de l'énorme évolution que celui-ci a du prendre en compte, ainsi que les enjeux à venir et en cours, concernant l'aménagement du territoire, la gestion et la préservation des ressources naturelles, le maintien et la diversification des productions.

1) Si vous êtes élu(e), quelle est la première mesure que vous appliquerez pour l’agriculture ?

Les premières mesures d'urgence que je souhaite voir mises en œuvre pour l'agriculture : - Assurer un revenu de base pour chaque exploitation afin de pallier aux conséquences des aléas climatiques et des distorsions du marché mondial. - Réorienter les enveloppes budgétaires de façon directe aux nouvelles exploitations, ainsi que les petites exploitations. - Simplifier les démarches administratives concernant l'installation et la transmission des exploitations. Ces mesures d'urgence doivent permettre d'assurer au monde agricole une réelle compensation et une juste rémunération au regard des efforts fournis en terme de production, de gestion et d'aménagement du territoire, et permettre ainsi à tous les acteurs d'entrevoir de réelles perspectives d'avenir, en terme de maintien d'activité et de transmission des savoirs.

2) Les zones intermédiaires ou « à faible potentiel » agronomique sont nombreuses en Côte-d’Or mais la répartition des aides de la PAC décidée par le gouvernement ne permet pas aux agriculteurs concernés par ce zonage de s’assurer un juste revenu. Qu’envisagez-vous de faire pour aider les exploitations en zones intermédiaires à surmonter ces difficultés ?

Les zones intermédiaires ou à faible potentiel agronomique sont certes nombreuses en Côte-d'Or, mais cela fait partie de la richesse et la diversité de nos terroirs. Certes ces zones ne répondent pas à des critères de productivité et de rentabilité, mais peuvent et doivent permettre une diversification des pratiques culturales et d'élevage. Dans ce sens, elles peuvent et doivent assurer l'installation et le maintien de petites exploitations, dans la mesure du possible en mode agrobiologique mais aussi conventionnel. Développer l'agriculture biologique, la permaculture, la biodynamie et promouvoir les petites exploitations, ainsi que les réseaux courts de distribution. Je et nous nous positionnons en faveur de ces orientations ; il est clair qu'il y a un réel problème de fond quand à la répartition et aux modes d'attributions des aides. Une vraie et profonde réforme de la PAC s'avère nécessaire mais il faut noter aussi que l'éventail d'indicateurs utilisés par les états membres afin de déterminer ces zones est largement dicté par des priorités nationales. Ces priorités et les indicateurs utilisés doivent être redéfinis.

3) Les accords de libre-échange (Ceta) ratifiés par l’Union européenne annoncent des conséquences désastreuses sur la filière viande bovine. Les éleveurs allaitants, déjà mis à mal par la crise agricole et la chute du prix de la viande, seront frappés de plein fouet par ces distorsions de concurrence. Que comptez-vous faire pour aider les éleveurs et redresser la filière ?

Concernant les accords de libre-échange (CETA) ratifiés par l'Union Européenne, mon et notre opposition à ce type d'accord transfrontalier est claire et unanime depuis le début. L'Union Européenne doit se protéger vis-à-vis d'une agriculture étasunienne plus industrielle et plus compétitive du fait de la médiocrité des protections sociales et environnementales outre-atlantique. L'AECG prévoit notamment un abaissement des droits de douane et des quotas sur le bœuf et le porc pour les exportateurs canadiens. Cet accord accorde par ailleurs des garanties sans précédent aux investisseurs et multinationales.

1- S'opposer à la ratification du CETA. 2- Renforcer la traçabilité de la production et rendre obligatoire l'étiquetage de l'origine de la viande. 3- Valorisation par les acteurs locaux, des élevages de nos régions et mise en valeur de leur mode de production. 4- Sensibiliser les consommateurs à l'importance de leurs choix de consommation (marchés locaux, circuits courts, vente directe à la production), mais également les collectivités locales, les conseils départementaux ainsi que les régions.

4) Les agriculteurs touchés par les dégâts de gibier sont de moins en moins nombreux à les déclarer, désabusés par de faibles indemnisations et des expertises coûteuses souvent laissées à leur charge. Quelle est votre position sur le sujet ?

Concernant les dégâts de gibier, il serait nécessaire que les pouvoirs publics fassent ce qu'il faut pour qu'un véritable dialogue puisse s'instaurer avec les fédérations de chasseurs, en fixant clairement les règles en terme de responsabilité et d'indemnisation.

5) Les agriculteurs sont actuellement frappés par une crise sans précédent, et dont la fin ne semble pas se profiler. Difficultés financières, pression administrative, détresse psychologique… si la situation ne s’améliore pas, beaucoup d’agriculteurs seront contraints de mettre la clé sous la porte d’ici un an. Quelles solutions proposerez-vous pour soutenir les agriculteurs en difficulté ?

L'analyse de la crise actuelle qui touche le monde agricole dépasse largement le cadre de la France. Cette crise financière, morale et administrative n'est que l'aboutissement d'un long processus qui a débuté après le second conflit mondial, avec le remaniement des modes de production et les redécoupages parcellaires. La dérégulation des marchés financiers et des échanges commerciaux, ainsi que la montée en puissance des multinationales, n'ont fait que porter le coup de grâce. Les aides précieuses, certes, mises en place par les régions (qui ont des compétences renforcées), les chambres d'agriculture et autres structures seront insuffisantes à plus ou moins long terme. Il est impératif de redéfinir les cadres d’une agriculture digne du 21ème siècle et de proximité, simplifier les décrets d'application, contenir l'artificialisation des terres et se libérer du dogme de la croissance (la croissance économique ne fait pas le bonheur). Une réelle prise de conscience individuelle et collective est nécessaire afin de replacer l'humain et le bien-être aux cœur de nos préoccupations."

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