Bulletin d'informations CR47 La Coordination Rurale des Landes s’étonne des propos du président du Conseil Général qui s’oppose au défrichement de parcelles forestières détruites par la tempête Klaus.

Il est nécessaire de rappeler que certains secteurs de la lande humide n’ont jamais connu de récolte d’arbres à maturité. Après les grands incendies des années 1940, des parcelles ont été ressemées en pins portugais qui dépérissaient au bout de 25 ans. Puis, maintenant c’est la tempête qui a porté un coup fatal aux nouvelles replantations des années 1980. Cela fera plus d’un siècle sans production de gros bois !

Le développement des Landes de Gascogne, initié par Napoléon III, n’était pas uniquement à but forestier ; l’objectif était également d’installer des agriculteurs dans la lande. Certes, l’agriculture a végété pendant 80 ans et il a fallu attendre les techniques nouvelles d’assainissement et d’irrigation pour voir enfin la Lande se transformer en un jardin.
Aujourd’hui, ce sont plus de 30 cultures différentes que l’on rencontre dans les sols forestiers d’Aquitaine : cultures légumières, productions horticoles, petits fruits, plantes industrielles ou médicinales…Tout pousse dans le sable noir des Landes, en agriculture conventionnelle ou biologique !
Contrairement aux idées reçues, le maïs grain ne couvre pas la majorité des surfaces, l’eau est très abondante dans le sous-sol sableux et un hectare de culture irriguée consomme moins d’eau qu’un hectare de forêt.

Au niveau de l’emploi, à surface égale, l’agriculture demande plus de travail que la forêt. Que ce soit également en termes d’impôts fonciers ou sur le revenu, de cotisations sociales et d’aides de l’Etat, le défrichement de parcelles sinistrées serait très bénéfique à la collectivité en période de crise budgétaire…

La surface de la forêt française ne cesse de croître : dans de nombreuses régions agricoles, après 20 années d’une mauvaise PAC qui pousse les agriculteurs à l’abandon, le boisement reconquiert l’espace rural. Une récente étude universitaire allemande conforte les analyses de la Coordination Rurale : aujourd’hui l’Union européenne est très dépendante de l’extérieur pour son alimentation ; ce sont 35 millions d’hectares de cultures qui ont été délocalisés dans des pays tels que le Brésil ou l’Indonésie.
Pour une fois qu’il y a des projets de développement agricole dans une région française, il serait dommage de ne pas les encourager. L’ensemble du massif forestier n’est pas défrichable, loin de là. C’est uniquement dans la lande humide - où en plus la productivité forestière est la plus faible ! - que les sols présentent un intérêt agronomique. Il y a là matière à développer en synergie l’agriculture et la forêt. Les Landes de Gascogne sont déjà une terre de migration et d’accueil pour des paysans venus d’autres régions ou d’autres pays : il y a encore de la place dans ces grands espaces.

Nicolas JAQUET, Président de la CR40

 

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