Ce week-end, les agriculteurs de la Coordination Rurale auraient pu être mobilisés pour dénoncer l’augmentation croissante des charges, le manque de rémunération, alerter sur le mal-être paysan et ses conséquences dramatiques, les mauvaises orientations de la Politique agricole commune, la disparition inquiétante des agriculteurs français… Les raisons ne manquent pas, tant ce secteur, pourtant stratégique, est en danger mais aucune d’elles n’est à l’origine de la mobilisation qui s’est tenue les 26 et 27 mars à Cramchaban (17). S’ils étaient présents, c’était pour protéger et défendre leur outil de travail face à la désinformation, la manipulation de l’opinion publique, l’idéologie aveugle et face à un syndicat qui fut un temps au service des agriculteurs et qui vandalise aujourd’hui les outils de travail de ses collègues… Drôle d’époque tout de même.
Près de 300 agriculteurs venus de Charente-Maritime et des départements limitrophes étaient rassemblés samedi à Cramchaban pour protéger une retenue d’eau, alors qu’était organisée une action anti-irrigation à quelques kilomètres de là. L’objectif de la Coordination Rurale était simple : occuper ce terrain privé pour éviter que la retenue d’eau qui y est installée ne finisse comme les deux qui ont été détruites à La Laigne et Mauzé-sur-le-Mignon fin 2021 lors de la dernière opération de saccage organisée par des collectifs anti-tout bercés par une idéologie déconnectée des réalités du terrain.
Ce contexte particulier n’a pas pour autant entamé la convivialité : apéritif, barbecue, musique et prises de parole au bord du bassin entouré de banderoles aux messages clairs à l’attention de ceux qui auraient pu avoir l’envie de venir provoquer : « L’eau c’est la vie », « Foutez-nous la paix, laissez-nous travailler ».
Paradoxalement, ce week-end de mobilisation a aussi mis en avant la solidarité et l’unité qui règne au sein du monde agricole : des adhérents de la FDSEA 17, le président de la Chambre d'agriculture Nouvelle Aquitaine et des JA 17 étaient ainsi présents aux côtés de la Coordination Rurale. Plus étonnant, certains adhérents de la Confédération paysanne étaient aussi là pour manifester leur désaccord face aux actions radicales menées par un syndicat au sein duquel certains ne semblent plus tout à fait se reconnaître.
Inquiets des mauvaises intentions des opposants, les adhérents de la Coordination Rurale sont restés sur site pendant la nuit afin de faire des tours de garde autour de la retenue d’eau et ont occupé le terrain jusqu’en fin de journée dimanche. Vraiment une drôle d’époque !
« Nous ne céderons pas aux pressions et aux menaces. Ces anti-tout usent de la désinformation pour donner du crédit à leurs revendications, mais je le répète, l’irrigation est nécessaire dans certaines régions de France et les retenues d’eau ne sont pas un non-sens écologique », explique Bernard Lannes, président national de la CR, lui aussi présent les deux jours de mobilisation.
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