Peut-on réellement considérer que l'interdiction de traiter à 150 m autour des maisons n'est pas une décision violente ? Tout cela n'est qu'idéologie sur fonds de commerce éco-radicalisé.
Ma ferme est une ferme au champ, mes terres sont autour de ma maison, et il y a des décennies que, de père en fils, nous les traitons. Aujourd'hui, nous faisons mieux qu'avant : buses anti-dérive avec injection d'air, adjuvants alourdisseurs, rampes équipées de projecteurs pour pouvoir traiter la nuit ou tôt le matin car la forte hygrométrie nous permet de diminuer les doses de produits (et non pas pour se cacher des riverains !). Finalement, plus nous faisons d'efforts et plus on nous condamne.
Et la société en général, que fait-elle ? Mais mesdames et messieurs, elle revendique le droit de s’empoisonner toute seule ! Oui, six "polluants du quotidien sont présents dans l’organisme de tous les français". Pour la première fois en 2019, Santé publique France a mesuré les niveaux d'imprégnation de la population française à six familles de substances présentes dans l’environnement. Les substances recherchées sont les bisphénols, les phtalates, les parabènes, les éthers de glycol, les retardateurs de flamme bromés et les composés perfluorés. Ces substances entrent dans la composition d'emballages alimentaires, de peintures, d'ustensiles de cuisine, de cosmétiques, de produits ménagers... Vous voyez l’agriculture là-dedans ? Et tout ça n'est pas à 150 m de votre propriété. C’est chez vous, sur vous, en vous ! Précisons que les produits cités ne nécessitent pour emploi aucun certi-phyto...
Selon l’Institut national du cancer qui a publié son rapport annuel le 23 juillet 2019, ce sont 160.000 cancers qui pourraient être empêchés chaque année, avec une mobilisation en faveur d'une meilleure information sur les dangers liés à la consommation de tabac, une baisse de la consommation d'alcool, une meilleure couverture vaccinale contre le cancer du col de l'utérus. Je sais, il y a le tabac et l’alcool, produits de l’agriculture. Mais personne n'est obligé de fumer et de se saouler. Là encore, qu'est-ce que les 150 m de ZNT changeraient à cela ? Comme la drogue n'est pas mentionnée, on suppose quelle est sans effet cancérigène.
À ceux qui ne le sauraient pas, après plus de 40 ans d'utilisation de glyphosate, que j’utilise toujours, le CHU de Limoges n'a pas détecté cette molécule, ni dans mon sang (mai 2019), ni dans mes urines (août 2019). Bien sûr il est plus facile d'accuser 350.000 agriculteurs en restant dans le déni que d’assumer sa propre ignorance et sa propre bêtise quand on a dans sa maison, sur soi, et en soi des substances de façon volontaire (tabac, alcool, drogues) ou involontaire pires que celles très encadrées qui sont utilisées par les agriculteurs ! Les journalistes seraient bien inspirés de faire le BUZZ de ce côté, mais peut-être se feraient-ils peur à eux-mêmes. Et puis le coupable agriculteur tout désigné, c'est plus commode que d'être coupable soi -même !
Finalement nous sommes tous des pollueurs et des pollués… Mais qui souhaite revenir à la société d’antan ? Acceptons notre siècle, et travaillons à améliorer les choses en se comprenant mutuellement et en faisant confiance au génie humain plutôt qu’a l’hystérie collective.
Jean-René Gouron, Agriculteur dans la Vienne 86
