Par Noël Entraygues, éleveur dans l’Aveyron, membre actif de la section viande bovine à la Coordination Rurale

Durant cette campagne présidentielle l’expression à la mode pour de nombreux candidats était « arrêtons l'agriculture intensive ». Quand on est éleveur de l’Aubrac, du plateau de Millevaches, du Morvan ou d’ailleurs en France, le terme « intensif » nous évoque les États-Unis, le Brésil ou encore l’Argentine, mais aucunement l’élevage français ! Alors quand on pose la question aux politiciens « qu’est-ce que l'agriculture intensive en France aujourd’hui ? », les réponses tardent à arriver et commencent souvent par une hésitation embarrassée. Et voilà que Bruxelles statue finalement en voulant imposer aux exploitations de plus de 150 UGB un régime d’autorisation spéciale avec un coût de 2 400 €/an/exploitation parce qu’elles émettent des émissions d’ordre industriel. Le texte est désormais entre les mains des États membres et du Parlement européens, et lorsque l’on sait ce qu’ils en pensent, il y a de quoi prendre peur. D’après le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, « C’est une manière d’appliquer le principe pollueur-payeur ». Ah bon, nous pollueurs ? Nous, qui avec nos animaux, entretenons des territoires où sans la pâture et le travail de la terre, broussailles, genêts et autres seraient monnaie courante, avec le risque dans certaines zones de laisser des territoires en proies aux flammes. Nous pollueurs ? Une directive qui ne prend en compte ni les UTH présents sur l'exploitation, ni le chargement à l’hectare souvent plus faibles dans les territoires difficiles et fragiles. Parallèlement, une exploitation aux Pays-Bas de 30ha avec 90 vaches laitières représenterait le bon exemple ? Aujourd'hui, nous entrons dans la campagne des élections législatives, alors dans chaque petit coin de France, allez à la rencontre des candidats et posez-leur la question : qu’est-ce que l’agriculture intensive en France ?

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