Aperçu des importations espagnoles depuis janvier 2016

La question des importations de vins espagnols inquiète les producteurs français, et notamment ceux de la région Occitanie produisant des Vins sans indication géographique (VSIG). En l’espace de 5 mois (de janvier à mai), les importations espagnoles moûts et vins se sont élevées à plus de 2,6 millions d’hectolitres (dont 80 % de vins en vrac VSIG UE) ; un chiffre en hausse de 9,21 % par rapport à la même période en 2014 et de 40,65 % par rapport à 2012 !!

Volume des importations espagnoles de vins et moûts (en HL)

Source : Com EXT – Douanes françaises

Dans le même temps les volumes commercialisés en VSIG ont fortement reculé pour les viticulteurs de la région Occitanie (au 1er juin 2016) : -11,3 % en rouge par rapport à 2015, -41 % en rosé et -5,6 % en blanc. Au niveau national, la tendance est la même, excepté les vins blancs avec mention de cépage.

Cette situation est donc grotesque quand on sait que les caves des viticulteurs sont encore quasiment pleines à quelques semaines des vendanges du millésime 2016.

« Des caves pleines, des volumes commercialisés en nette baisse et des importations en forte hausse, cherchez l’erreur ! »

La viticulture est en train de vivre ce que la production laitière vit depuis des années, à savoir l’importation d’un produit générique en provenance de l’Union européenne, et ce, à un coût inatteignable pour un producteur français en quête d’un revenu décent.

Sur la période janvier-mai 2016, le prix moyen du VSIG importé en vrac est de 34 EUR/hectolitre ; dans le même temps le prix moyen du VSIG en France oscille entre 75 et 90 €/hectolitre selon la couleur. Comment voulez-vous lutter à ce prix ? Comment lutter quand un producteur espagnol exploite de la main-d’œuvre très bon marché (dans des conditions que nous ne décrirons pas ici), qu’il utilise des matières actives interdites en France, qu’il n’est pas soumis au même niveau de taxe, et la liste est encore longue. Bref, comment tenter d’être compétitif dans un marché où les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tout le monde et où certains producteurs n’hésitent pas à faire du dumping ?

Que deviennent ensuite ces vins espagnols importés ?

Les vins espagnols sont importés majoritairement par deux types de structures : le négoce et les caves coopératives.

Ces négociants sont basés partout en France, de la Gironde en passant par le Languedoc. Ils achètent du vrac espagnol pour le revendre à l’étranger et en France sous des noms aux accents étonnement peu ibériques : Celliers du Mazet*, Cambras**, Adrien Champaud, Baron de Vairac, etc.

Les vins espagnols sont donc commercialisés (en grande partie) avec des packagings mettant davantage en avant une marque au nom bien français plutôt que l’origine étrangère de ces vins. L’exemple des Bag-In-Box de vin rosé de Cambras en est le plus bel exemple.

Photographie prise le 13 mai 2016 à Auch

* Celliers du Mazet est une marque déposée de Chantovent ; une union de caves coopératives de 1 200 adhérents dans le Languedoc. La coopérative au service de ses adhérents qu’ils disaient ?

** Cambras, une marque du négociant en vin Castel Frères, lequel possède également « les Ormes de Cambras », une marque commercialisant des vins de pays d’Oc. Une similitude trompeuse pour le consommateur, d’autant que la publicité faite pour les Ormes de Cambras associe avec insistance l’IGP Pays d’Oc.

Quelles solutions face à cette situation dangereuse et périlleuse pour la viticulture française ?

Aujourd’hui, la problématique se pose avec les vins espagnols, mais rien ne nous dit que demain les vins européens des pays de l’Est n’auront pas un prix encore plus bas et ne viendront pas remplir les cuves des opérateurs français.

La Coordination Rurale propose plusieurs solutions pour freiner cette mascarade trompeuse à la fois pour les consommateurs et les producteurs :

- Revoir la réglementation sur l’étiquetage des vins embouteillés et des fontaines à vin, afin que la mention de l’origine soit immédiatement visible pour le consommateur.

- Normaliser les étagères de la grande distribution, afin que ces vins espagnols ou issus de mélanges de vins européens ne puissent plus être assimilés à des vins français, mais bien à des vins étrangers.

- Une meilleure transparence de la part des négociants et des coopératives relativement aux volumes qu’ils achètent et qu’ils commercialisent.

La Coordination Rurale ne restera pas passive sur ces questions et mettra en place les actions nécessaires lors des prochaines semaines.

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