La filière veau de boucherie française traverse une crise sans précédent avec des cours qui accusent, pour les veaux mâles « type lait », un recul de plus de 12 % en l’espace de quelques mois. En cause, plusieurs facteurs dont une baisse de la consommation estimée à -11 % ainsi que des importations intracommunautaires pénalisant fortement la filière française. À quelques jours de la fête de la Pentecôte qui se traduit traditionnellement par une forte consommation de veau, les éleveurs de la Coordination Rurale appellent les consommateurs français à privilégier la viande française.

Des importations concentrées sur certains pays européens

Dans l’Union européenne, certains pays concentrent la majorité des importations de veaux mâles « type lait » : en 2017, 65 % des importations se sont réalisées vers les Pays Bas et l’Espagne. Les importations de veaux aux Pays-Bas sont à 78 % issues d’Allemagne et s’accroissent d’année en année (44 % en 2009). Ces importations représentent 48 % de l’approvisionnement des ateliers de veaux et de jeunes bovins des Pays Bas, et s’ajoutent aux naissances internes équivalentes à 800 000 naissances de veaux mâles (soit 1 760 000 naissances en 2017) afin d’alimenter la filière veaux de boucheries. Concernant la France, la filière veau de boucherie représente 28 % de la production européenne, en deuxième place derrière les Pays Bas mais devant l’Italie (13%) et valorise 60 % des mâles nés dans l’hexagone (source Idele). Dans le même temps, la France voit l'exportation de ses veaux nourrissons pour l'engraissement s'accroître vers l'Espagne et atteindre 240 000 têtes en 2017.

Malgré une forte production, les Pays Bas sont très peu consommateurs de viande de veaux de boucherie, et sont donc exportateurs nets. Ces exportations sont notamment réalisées vers la France, l’Italie et la Belgique qui à eux trois consomment près de 70 % de la viande européenne.

Graphique courbe Veaux importés en France pour abattage direct Veaux importés en France pour abattage direct

Une crise multifactorielle

En France, la cotation des veaux mâles « type lait » ne cesse de chuter chaque année, avec un prix moyen de 74€/tête au mois de février 2019 (la cotation a pu descendre jusqu'à 35€/tête en décembre 2018), soit 10€ inférieur à février 2018. Cela est notamment dû à un encombrement du marché européen via celui des Pays-Bas (+12% en 2018/17), ainsi qu'à une baisse de la consommation de l'ordre de -7%. Dans le même temps, les coûts des aliments d’allaitement avant sevrage ne cessent d’augmenter avec un indice moyen de 98 en 2018, soit +2 points /2017 et +1,5 points /2016.

La Coordination Rurale rappelle que 70 % de la viande de veau servie dans la restauration hors domicile n’est pas d’origine française. À la suite des EGA, il est urgent de développer une réelle filière d’engraissement en France, ce qui permettrait de sécuriser les débouchés des naisseurs, tout en offrant la possibilité de contourner les blocages sanitaires d’animaux maigres. Sans prise de conscience et d’engagements de la part des acteurs de la filière, la filière veau de boucherie française court à sa perte.

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