« Il y a 1 an, j'ai acheté un veau limousin de 7 jours. Je l’ai mis dans mes marais pour l’engraissement et qu’elle ne fut pas ma surprise en voyant ce veau « limousin devenir… noir ! On ne m'a pas vendu un limousin mais un croisé. Le passeport de l’animal est totalement erroné » dénonce Yohann Quesnel, président de la CR Manche.
Ce cas n’est pas isolé, nous assistons aujourd’hui à une recrudescence de fausses déclarations de veaux croisés. Le « DAB », passeport du bovin, contient toutes les informations nécessaires à la traçabilité. Il contient de nombreuses informations telles que la race des parents, de l’individu, la date de naissance et l’origine. C’est l’éleveur qui en fait la déclaration qui sera ensuite contrôlé par l’EDE (Établissement de l'élevage).
Quelles conséquences ?
La première pour l’engraisseur qui se retrouve avec une bête qui lui sera achetée au prix d’une « laitière » alors qu’il l’aura payée le prix fort. La deuxième pour l’abattoir qui l’aura acheté la bête en « croisé » mais qui la valorisera en « bête à viande ». La dernière pour le consommateur qui sera, comme trop souvent, trompé en consommant un steak race à viande alors que ce sera une viande survalorisée puisque croisé.
À qui profite le crime ?
Aux vendeurs et aux abattoirs qui valorisent au maximum le bovin en question. En effet, la législation permet à l’abattoir d’appliquer le plein tarif. Une race lait est estimée (marché de fougère 2017) à 2.23€/kg, une mixte 2.92€/kg tandis que le tarif d’une race viande est de 3.36€/kg. Une telle différence de prix explique facilement ce genre de malversation.
« L'EDE gère l’identification des bovins, contribuant ainsi à assurer la traçabilité des viandes " de la fourche à la fourchette " et permettre aux éleveurs de suivre les performances des animaux et de sélectionner les meilleures lignées de reproducteurs pour répondre aux besoins des consommateurs, peut-on lire sur leur site. Mais, lorsque nous les interpellons à ce sujet, ils se dédouanent en mettant en cause l’éleveur. On peut se poser la question de leur rôle » explique Yohann Quesnel.
