À quelques semaines de la fête de la Pentecôte, traditionnellement synonyme de consommation de viande de veau, les ventes sont à la peine : la restauration hors domicile, principal débouché pour la consommation de veau, se retrouve quasiment à l’arrêt dans le cadre de la pandémie liée au COVID-19. En moyenne sur les semaines 11 à 17, les abattages affichent un recul de l’ordre de -12,5 % en tonnage par rapport à 2019. Les cours ont quant à eux chuté sous la barre des 5,00€/kg en semaine 17, s’établissant à 4,99€/kg. Du jamais vu depuis… 2005 !

  cotation veau rosé clair O élevé en atelier  

Les retards d’abattages enregistrés depuis l’arrêt de le Restauration Hors Domicile (RHD) en semaine 12 provoquent le vieillissement et l’alourdissement des veaux (+5 %/2019 d’effectifs de mâles laitiers de 6 mois présents en ferme), qui risquent donc de plomber le prix d’achat aux éleveurs.

De plus, les mesures d’aides au stockage privé annoncées par la Commission européenne le 22 avril pour soutenir les secteurs de l’élevage dans le cadre de la pandémie ne s’appliquent pas à la viande de veau âgé de moins de 8 mois. Ce qui laisse les éleveurs dépourvus face à cette situation.

Réguler l'offre pour maintenir les cours

La production de veaux est indissociable des filières lait et bovins viande. Elle valorise 36 % des veaux issus du cheptel laitier français, principalement des mâles, et représente 13 % des tonnages de viande bovine française. La plupart des éleveurs laitiers français réalisent des vêlages groupés fin d'hiver - début printemps afin que la production laitière soit réalisée avec de l’herbe, réduisant ainsi les coûts alimentaires et libérant du temps à la période estivale pour les travaux des champs. Cela a pour effet l’arrivée massive de manière spontanée de nombreux veaux sur le marché. Afin de limiter cet afflux qui a pour effet la baisse des prix d’achats aux éleveurs, notamment des veaux de huit jours, des solutions existent.

La première est la répartition des vêlages sur toute l’année, tout en gardant une durée de lactation des vaches laitières identique. Cela a pour effet l’arrivée progressive des veaux sur le marché, et limite l’effet saisonnalité sur les prix d’achats. Il permet également un lissage du pic laitier, qui chaque année intervient entre avril et mai et a pour conséquences un engorgement du marché, et une baisse du prix du lait pour les éleveurs.

La seconde option est l’augmentation de la durée de lactation des vaches laitières. Actuellement, l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) privilégié est de 12 mois, ce qui permet aux éleveurs le souhaitant de grouper les vêlages au printemps pour bénéficier de l’herbe au pic de lactation par exemple. Cette intervalle n’est pas figée et peut être allongée à 14, 16 voir 18 mois. D’après une étude conduite par l’institut de l’élevage (IDELE) menée dans le Finistère entre 2005 et 2011, un IVV de 18 mois permet un lissage du pic laitier saisonnier, un taux protéique moyen plus élevé (donc un prix du lait supérieur) et des réformes plus vieilles d’une année. Cette option permettrait, en plus de répartir les naissances, de réduire le nombre de veaux mis sur le marché de l’ordre de 1,5. Enfin, cette étude indique que la mise en place d’un IVV de 18 mois accroît la marge semi-nette d’exploitation de + 2 000€ par an.

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