Lassé d’entendre tant de contre-vérités à la télévision et à la radio, fatigué de lire autant de commentaires négatifs sur internet, Emmanuel RIZZI, éleveur de vaches acères a néanmoins choisi de prendre le taureau par les cornes en expliquant son métier aux élèves de son école communale.

Il raconte :

« J’ai d’abord sollicité un rendez-vous avec l’équipe enseignante pour me présenter. Nous avons parlé de ma situation, de l’agriculture en général et de la place importante que doit tenir l’alimentation dans la vie quotidienne. Pour que tout soit clair, j’ai mentionné ma position d’élu à la Chambre d’agriculture et bien entendu mon engagement syndical.

Comme ni les institutrices ni moi n’avions d’expérience pour ce genre de présentation, nous avons organisé la rencontre en trois temps :

- À l’occasion d’une promenade à pied sur le chemin avoisinant mes prairies, les enfants ont pu observer mes vaches pâturant ; - Une fois rentrés, les institutrices ont lancé le débat sur les vaches et l’agriculture, et ont pris note des questions posées par les élèves ; - Quelques jours plus tard, je suis intervenu en classe et ai répondu aux questions posées, celles écrites et bien sûr aux nombreuses questions spontanées.

J’ai donc fait, en, compagnie de leur institutrice, 3 séances d’une heure de questions/réponses par groupe d’une quinzaine d’enfants de six à neuf ans.

Ne pas faire de prosélytisme

Les règles que je m’étais fixées en accord avec la directrice étaient claires : répondre avec des mots compréhensibles par des enfants mais sans cacher la vérité, dire clairement que j’élève mes vaches pour les manger, et que oui (la question a été posée) je les emmènerais à l’abattoir dès qu’elles seraient assez grosses. Tout ça sans prendre position sur la pertinence ou non de manger de la viande. Ne pas faire de prosélytisme, ni pour l’élevage, ni pour le bio, ni pour la Chambre, ni pour le syndicat. Juste parler des faits et des pratiques courantes dans la région.

Des échanges constructifs et de nombreuses questions !

L’expérience a été positive, les enfants étaient réellement intéressés par le sujet et les questions étaient très nombreuses. Elles portaient sur la race, la couleur, la taille de l’élevage, s’il y avait du lait pour faire du fromage, sur ce que mangent les vaches, si elles rentrent quand il neige, s’il y a des veaux, si les veaux meurent parfois, sur les maladies et problèmes de santé et bien évidement sur le nombre et la taille de mes tracteurs…

Même si l’exercice d’expliquer la complexité de l’agriculture à un enfant est difficile, j’ai constaté avec plaisir que l’on peut dialoguer sereinement avec les enfants et le corps enseignant. Nos échanges étaient bien loin de la vision pessimiste que nous renvoient les médias.

Nous n’avons pas à rougir de nos pratiques agricoles et je sais maintenant que même un enfant de huit ans peut les entendre…

Nous devons informer et expliquer notre quotidien pour lever les peurs et les incompréhensions. »

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