La Coordination Rurale continue de mettre à l'honneur les jeunes agriculteurs tout au long du parcours du Tour de France. Voici le tour de Yoann, 25 ans, installé en individuel sur la commune de Laubert (48). Sa ferme compte 50 bovins lait sur une surface de 150 hectares.

Quel a été ton parcours ?

Après un BEP en production animale, j’ai suivi un BPREA en alternance. Je pensais m’installer environ cinq ans plus tard sur la ferme familiale mais les problèmes de santé rencontrés par mon père ont précipité la chose. Il a fallu ensuite se livrer à un véritable parcours du combattant pour obtenir l’autorisation d’exploiter et prouver à la laiterie que je savais produire du lait. Lactalis voulait des garanties ; ils ne me faisait pas confiance alors que je leur livrais le lait depuis plusieurs semaines ! Il a fallu faire preuve d’acharnement…

Quelles sont les autres difficultés auxquelles tu dois faire face ?

La DDT de Lozère et l’Onema ont jugé que la rase (fossé artificiel) qui se situe sur l’une de mes parcelles est un cours d’eau. J’ai reçu un avertissement pour des travaux antérieurs à la date de passage de l’Onema. Malgré l’expertise d’un cabinet spécialisé qui a conclu que l’écoulement n’était pas un cours d’eau, la DDT et l’Onema ne veulent rien entendre. J’ai décidé d’aller au tribunal administratif avec l’aide du cabinet d’expertises ATMO pour obtenir gain de cause.

Ton troupeau bovin a été attaqué il y a quelques jours par un loup.

Oui, d’ailleurs, il y a quelques jours, j’ai subi une attaque sur mon troupeau : une vache a été attaquée et de nombreuses autres se sont blessées sur la clôture en tentant de fuir. Les gens ne se rendent pas compte à quel point une attaque de loup est traumatisante pour un troupeau et pour un éleveur. J’ai contacté l’ONCFS pour constater cette attaque. Ils ne se sont pas déplacés car pour cela, l’animal doit être égorgé... Leur conclusion : « Les vaches se sont blessées sur les barbelés. » Depuis, plusieurs vaches qui étaient présentes dans l’enclos pendant l’attaque ont avorté et le troupeau ne veut d’ailleurs plus retourner dans ce parc. Suite au stress généré, je vais être obligé d'en faire abattre.

Comment entrevois-tu l’avenir de ta ferme ?

Pas clair. D’abord, je ne crois plus au lait. En Lozère, certains se sont orientés vers le lait bio, mais je n’ai pas pu suivre le mouvement parce que je ne suis pas autonome en fourrages certaines années et je ne pense pas que le lait bio ait plus d'avenir que le lait conventionnel.

Pourquoi t’es-tu engagé à la Coordination Rurale de Lozère ?

Je connaissais la CR car mon père était adhérent. Mais je suis tout de même passé par le parcours du Point Infos Installation pour obtenir la DJA. Le copinage et les privilèges pratiqués à la FDSEA et aux JA m’ont dégoûté. J’avais pas mal entendu parler de la CR48 lors de la grève du lait, débutée dès 2008 en Lozère. Ce sont les valeurs défendues par la CR qui m’ont attiré. Luc Alméras, ancien président de la Coordination Rurale de Lozère, m’a contacté. C’est comme ça que je suis entré à la CR. C’était en 2013 et aujourd’hui, je fais partie du conseil d’administration.

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