La 16e étape du Tour de France 2017 offrira un bel aperçu du département des Hautes-Alpes, avec un départ de sa sous-préfecture, Briançon, et une arrivée à Izoard après la montée de son célèbre col. Dans ce département, nous avons rendu visite à Sabrina, 37 ans, éleveuse de chèvres et de brebis de 37 ans dont la ferme se trouve à Ribiers, tout proche de Sisteron.

De combien d’animaux t’occupes-tu ?

Mon troupeau est composé de 70 brebis, 25 chèvres, 3 béliers et 1 bouc. J’élève également 50 agnelles et une dizaine de chevrettes. Je transforme toute la production de lait, que je commercialise sur des marchés. Actuellement, je suis agricultrice sur la commune de Ribiers, mais cela va bientôt changer…

C’est-à-dire ?

J’ai débuté mon activité en janvier 2017 et je suis actuellement préinstallée. Mon parcours a été assez compliqué. Je dirais même semé d’embûches… C’est une reconversion professionnelle : j’étais conseillère financière au Crédit agricole mais je souhaitais m’installer en agriculture. J’avais débuté les démarches pour l’installation : PAI, stage 21h, PPP… et je devais réaliser un stage en exploitation de trois mois. En octobre 2016, une opportunité s’est présentée : une exploitation se libérait sur la commune de Ribiers. Bâtiment, fromagerie, 20 hectares de terres… Bref, exactement ce que je recherchais. Il fallait une installation rapide, au premier janvier, d’autant qu’au même moment, j’avais trouvé le troupeau de brebis que je recherchais et qui n’allait pas tarder à m’être remis. Mais j’étais en poste jusqu’au 31 décembre 2016. Il m’était donc impossible de faire coïncider trois mois de stage et l’installation. Après de longues discussions avec la chambre d’agriculture et un changement de conseiller, nous avons trouvé une solution : réaliser une préinstallation au 1er janvier et ramener le stage de 3 à 1 mois, afin que je puisse le réaliser en basse saison.

Et à partir de là, tout a roulé...

Pas tout à fait : j’ai réalisé ce stage, mais en mars, j’ai perdu ma mère et j’ai omis d’envoyer en temps et en heure l’attestation au CFPPA de Gap. J’ai cru un temps que ce retard allait invalider mon stage, ce qui m’aurait valu l’obligation de refaire un stage cet été, ce qui aurait été tout simplement impossible. La chambre d’agriculture a heureusement été compréhensive et validé le PPP, afin de permettre mon passage en commission le 22 juin dernier. Mais j’ai dû faire face à un second problème : mon propriétaire a décidé de vendre les terres et bâtiments que j’occupe, et comme il demande un prix bien trop élevé, je n’ai pas d’autre choix que de quitter l’exploitation au 1er octobre. Si j’avais été mise au courant plus tôt, je n’aurais pas précipité une installation là-bas, c’est certain. Je pourrais aussi entamer une procédure dans la mesure où je dispose d’un bail, même s’il n’est que verbal. Mais je ne veux pas de ça. J’ai donc entièrement revu le projet. J’ai élaboré un nouveau PDE. J’ai monté un dossier PCAE. Je repars finalement m’installer sur la commune de Ribeyret, où se trouve ma maison et quatre hectares que je possède, avec un projet moins coûteux. J’ai en projet la construction d’une petite fromagerie à côté de notre lieu d’habitation, et les animaux seront logés dans des serres d’élevage.

Quelles seront les incidences de cette nouvelle implantation concernant la commercialisation ?

Pour des raisons administratives (obtention d’une norme spécifique pour une commercialisation à plus de 80 kilomètres du lieu de production), j’ai retardé le projet de commercialisation auprès d’affineurs. Je pense que c’est plus raisonnable en début d’activité. J’ai donc débuté tout de suite la commercialisation de l’intégralité de ma production sur des marchés de producteurs. Je travaille avec mon compagnon et nous avons décidé de nous concentrer sur les marchés de soirée, qui se déroulent chez nous de 16h à 20h, plutôt que sur les marchés hebdomadaires qui ont lieu le matin.  Ils ont aussi l’avantage d’être plus étalés sur la saison. Je ne peux pas me permettre de tout miser sur deux mois de ventes ! Cela nous permet de nous occuper de la traite et de la transformation le matin, pour ensuite partir vendre nos fromages. Nous avons déjà une bonne clientèle, surtout sur nos marchés des Hautes-Alpes et du Vaucluse. Dans notre département, cela marche moins bien, peut-être par exemple parce que ce que nous produisons est plus facilement accessible en vente à la ferme.

Et votre intégration dans le milieu agricole ?

Même si je ne suis pas issue du milieu agricole, elle s’est s’est plutôt bien passée à Ribiers, notamment avec nos voisins à qui nous achetons du foin. Sur Ribeyret, cela risque d’être plus compliqué : c’est un secteur où les agriculteurs ont besoin de davantage de terres car ils font un élevage orienté viande. L’accès au foncier y est beaucoup plus compliqué que dans la Drôme ou le Vaucluse.

Comment t’es-tu rapprochée de la CR ?

C’était pendant mes démarches d’installation. J’avais besoin d’un soutien, et le président de la CR05 a répondu à mes demandes. Aujourd’hui, je me consacre entièrement à la réalisation de mon projet. Heureusement que je reste motivée, sinon avec toutes les épreuves traversées et sans le soutien de ce monsieur, il y a un moment que j’aurais laissé tomber…

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