Le groupe Tereos traversant une grave crise de gouvernance, la Coordination Rurale avait fait part de sa volonté de s’entretenir avec François Leroux, président du Conseil de surveillance de la coopérative. Ce 13 septembre 2018, une délégation a été reçue par François Leroux, accompagné de Jean Charles Lefevre, son vice-président et Bertrand Magnien le président des affaires publiques, au nouveau « siège » à Moussy-le-Vieux. Pendant presque 3 heures d’entretien cordial, nos représentants Jean-Paul Vuilliot et Damien Brunelle se sont entretenus avec les agriculteurs élus de la coopérative, autour de 2 principales questions : les prix payés aux producteurs et bien sûr la gouvernance problématique.

Retour sur les difficultés de gouvernance

Pour commencer, les élus Tereos ont tenu à rappeler l’historique des événements qui ont conduit à la démission de 70 élus de cinq sucreries des Hauts-de-France et l’exclusion de 3 membres du Conseil de surveillance. Pour eux, l’origine du conflit est l’affrontement entre 2 visions stratégiques, l’une favorable à la poursuite de la diversification (qui passe par le rachat de sociétés), l’autre qui opte pour le recentrage sur les activités sucrières. Nos interlocuteurs nous ont affirmé qu’un gros travail sur la gouvernance avait eu lieu depuis la création de la coopérative unique avec la mise en place des commissions par production et surtout des comités d’audit et de rémunération. Les administrateurs seraient maintenant mieux informés et impliqués dans les décisions. Ces élus Tereos estiment avoir fait d’énormes progrès et n’ont pas l’intention de modifier leur façon de gouverner. « Le comité d’audit a bien fonctionné » affirme le président du Conseil de surveillance. Notons qu’ils n’ont pas l’intention de revenir sur les exclusions prononcées bien que nous leur ayons exprimés à quel point cela a été mal perçu sur le terrain.

La question des Prix

Malgré nos demandes répétées, les élus Tereos n’ont pas voulu annoncer de prix pour 2019, ni même un prix plancher. En revanche, ayant conscience que ce silence allait inciter les agriculteurs à réduire leurs emblavements, les représentants comptent annoncer une baisse collective de surface de 5 % pour 2019 (bien qu’elle soit attendue de 10 à 15 % pour l’ensemble des groupes). En lien avec les prix, la CR a exprimé sa réticence à l’ouverture du capital et a pris en exemple les nombreuses coopératives qui ont vendu leur fleuron en créant des SA, dont les bénéfices échappent ensuite aux coopérateurs.

Les décideurs Tereos nous ont répondu qu’aucune décision d’ouverture du capital n’était prise à ce jour. Ce qui peut nous rassurer plus ou moins, vu que leur volonté est de poursuivre les acquisitions. Nos représentants n’ont pas oublié de souligner leur étonnement de voir le prix du sucre (en 25 kg) à plus de 800 €/T au magasin d’usine, à 900 €/T en supermarché et autour de 350 €/T au cours mondial. Pour nos agriculteurs CR, l’écart entre le prix mondial et le consommateur  reste très impressionnant.

La CR émet des propositions

Même si nos interlocuteurs ont un discours très établi, et que dans la même prise de parole, ils sont capables d’affirmer qu’il y a effectivement un problème de gouvernance mais qu’il n’y a pas besoin d’améliorations, notre délégation a néanmoins pu faire quelques propositions et remarques :

- La CR a demandé à recourir à une expertise extérieure en proposant celle de Xavier Hollandts et Bertrand Valiorgue (que nous avions contacté au préalable) car le fonctionnement des comités d’audit et de rémunération souffre manifestement d’un dysfonctionnement compte tenu des mécontentements actuels. - La CR a demandé la mise en place d’une lettre de communication qui ne soit pas qu’agronomique mais qui reprend aussi les activités au sein des conseils d’administrations et des commissions. - La CR a regretté que le principe « un homme, une voix » soit utilisé de manière trompeuse puisque selon les régions la représentation des coopérateurs va du simple au triple. - La CR a signalé qu’il était malvenu de conserver un siège au cœur de Paris alors que le site de Moussy a été acheté pour centraliser les fonctions. Nous sommes la coopérative avec le plus grand nombre de sièges (siège où se trouve la direction (Paris), siège effectif (Moussy), siège officiel (Origny) sans compter le maintien d’activités à Lille) cela fait sans doute partie des problèmes de gouvernance. Nos représentants ont apprécié la disponibilité de leurs interlocuteurs qui se sont efforcés de répondre à leurs interrogations même agronomiques (tassement du sol, campagnes longues, etc). Mais ils sont sortis de cet entretien avec des sentiments mitigés. Le « ça aurait pu être pire » a été la réponse la plus souvent faite. Ils ont eu le sentiment d’être face à de très bons communicants dont le discours rodé n’admet pas de reconnaître ses erreurs. Damien Brunelle et Jean-Paul Vuilliot sont assez septiques du résultat de la conciliation à venir entre « les exclus » et les « restants ».  

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