Suite à la démission de 70 des 73 élus des cinq sucreries Tereos du Nord-Pas-de-Calais et de l'Oise, la Coordination Rurale soutient ces agriculteurs élus de la coopérative qui par leur action visent à un retour de l’esprit coopératif chez cet empire industriel. La CR trouve que ce triste événement illustre malheureusement  les dérives  financières de certaines coopératives à des années lumières du modèle vertueux que Coop de France et la FNSEA prônaient lors des EGA.

En attendant, des interrogations demeurent.

Une dérive de la coopérative dénoncée de longue date par la CR

Hélas, son évolution par alliances successives vers une structure internationale, gérant par ses filiales, des affaires du Brésil à l’Inde, au Mozambique en passant par la Chine, n’est pas nouvelle et a fait perdre aux dirigeants le sens des réalités locales vécues par ses adhérents.

Depuis longtemps la Coordination Rurale met en garde certains groupes coopératifs sur leurs orientations et dérives. L’esprit coopératif initial n’existe plus chez Tereos, qui est devenue un empire industriel dont le contrôle échappe aux producteurs. Il est temps que le HCCA (Haut conseil de la coopération agricole), censé être le garant de l’éthique de la coopération remplisse son rôle. Il est donc essentiel que tous les syndicats d’exploitants agricoles représentatifs soient membres de droit de cette instance qui doit être un véritable garde-fou contre les dérives de certaines coopératives.

Voir article : Représentativité syndicale au sein du HCCA : le débat est ouvert !

Vague de démission chez Tereos : la CR s’interroge ?

Mieux vaut tard que jamais ! Les démissionnaires ont progressivement pris conscience que l’intérêt des planteurs n’était plus l’objectif essentiel au sein de la coopérative sucrière.

Les membres des conseils d’administration des usines et du Conseil de surveillance n’avaient pas accès aux chiffres de résultat net depuis plusieurs années et ils ont fait preuve de beaucoup trop de patience, voire de naïveté, en attendant si longtemps avant de démissionner, même si cette démission laisse supposer un acte de courage et d’honnêteté de leur part.

Pourquoi ne l’ont-ils pas fait plus tôt ? Pourquoi ont-ils approuvé les comptes et les ont-ils fait voter en assemblées générales ? Étaient-ils informés des mauvais résultats de leur coopérative quand ils encourageaient leurs collègues à s’engager à prendre du tonnage supplémentaire ou à quitter le groupe concurrent pour les rejoindre ? La défiance de Tereos à leur égard aurait du leur faire franchir le pas immédiatement au lieu de tergiverser et finalement d’être l’objet d’une menace d’épuration digne d’un organe soviétique qui s’apprête à fonctionner sans représentants au sein de ses 5 usines ? Pouvons-nous encore considérer que Tereos est une coopérative ?

La CGB est-elle partie prenante de cette dérive coopérative ?

N’oublions pas qu’en 2002, la CGB, syndicat betteravier FNSEA dont sont issus la très grande majorité des administrateurs démissionnaires a largement participé à la création de Tereos en permettant le rachat de Béghin Say par Union SDA. C’est d’ailleurs certainement pour ça que le syndicat betteravier n’a jamais critiqué Tereos et qu’elle a, au contraire, tout fait pour favoriser l’arrivée de nouveaux planteurs coopérateurs au détriment des groupes privés.

Reprenons en main notre outil industriel

La Coordination Rurale espère que cet événement pourra remettre à plat le fonctionnement de cette coopérative. Pour la CR, revenir au respect du «  principe un homme – une voix » dans une transparence totale doit être une priorité. Il est temps de rétablir un réel pouvoir des planteurs par leur conseil d’administration et leur assemblée générale au sein de la coopérative.

La CR demande la mise en place d’un audit permettant d’évaluer l’éthique et les pratiques de Tereos afin de dessiner les grandes lignes des actions à mener pour retrouver la vraie philosophie du système coopératif. D’ores et déjà la CR propose de prendre pour exemple le fonctionnement en commissions comme cela existe déjà dans les groupes privés  (commission interprofessionnelle ; commission répartition de la Valeur) afin de rétablir un lien effectif avec ses adhérents.

Pour réellement revenir à une « gouvernance » associant « tous les betteraviers » comme le demande si bien la CGB, il faudrait certainement que ses membres ne soient pas issus uniquement de l’unique syndicat betteravier. Cela éviterait un discours lissé de l’ensemble de ses membres comme ce fût toujours le cas avant que survienne cette vague de démission.  

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