Le sud-est manque d’eau ! Cette année, l'hiver n'a pas été aussi pluvieux que d'habitude et le niveau des cours d'eau est particulièrement bas. Il n’est tombé aucune goutte de pluie sur de nombreuses régions du sud-est de la France, depuis le début de l’année. « Nous avons eu un peu de neige en février, mais pas de quoi maintenir les ressources en eau. Traditionnellement, les pluies arrivent plutôt au mois de mars, ce qui n’est pas le cas pour le moment. C’est extrêmement sec », remarque Franck Mourgues, viticulteur, céréalier et président de la Coordination Rurale des Bouches du Rhône. La région PACA accuse un déficit de pluie important, de près de 60 % par rapport à ce qui était attendu. Une situation exceptionnelle, avec moins de 10 jours de précipitations comptabilisés, faisant apparaître le spectre de la sécheresse en ce début de printemps. > Cette sécheresse hivernale est remarquable voire exceptionnelle par sa durée. D’après Météo-France, elle n’est cependant pas inédite. Depuis 1958, ce type de sécheresse hivernale s’est produite notamment : 4 fois à Toulon (40 jours sans pluie en 2005) jusqu’à 7 fois à Marseille (54 jours en 1982-1983).

Un mois de mars décisif

Le mois de mars sera donc déterminant, en matière d’emmagasinement de l’eau, dans les zones humides et souterraines.  C’est, en effet, la période où la recharge hivernale des nappes phréatiques doit s’opérer pour amorcer la période estivale dans les meilleures conditions possibles. « Pour le secteur agricole, une recharge hivernale de qualité est indispensable. Or, les cette année, la météo n’a pas permis le remplissage des réserves utiles des sols, c'est-à-dire le volume d’eau accessible aux plantes. C’est inquiétant. On est proche de la situation de stress hydrique » alerte Franck Mourgues.

Menace sur la production

Pour le moment, cette sécheresse hivernale n’a toutefois que très peu d’impact sur l’agriculture « puisque nous ne sommes pas encore dans le cœur de la saison culturale » remarque Franck Mourgues. « Mais si ce phénomène persiste, il risque d’occasionner un retard du calendrier notamment pour la fertilisation, la fauche, et éventuellement sur les semis », ajoute-t-il. Le risque est, selon lui, d’enregistrer « des pertes potentielles notamment sur la production de fourrages ou de céréales. D’autant plus, qu’avec le réveil de la végétation et la hausse des températures, l’évapotranspiration va augmenter. Les dernières réserves du sol vont donc encore diminuer ».

Irriguer précocement

Pour endiguer l’absence de pluies, les agriculteurs sont contraints d’arroser beaucoup plus tôt que prévu. « Certains de mes voisins ont déjà sortis les asperseurs et les canons pour arroser les blés et éviter ainsi la perte de rendements. C’est parfois nécessaire, car on arrive à l’époque où les tales se forment ainsi que les épis secondaires », souligne Franck Mourgues. Conséquence de cette irrigation précoce, les agriculteurs doivent puiser dans les réserves d’eau, qui s’amenuisent au fil du temps. « Les nappes phréatiques sont déjà au plus bas, d’où la nécessité de créer des bassins de rétention d’eau ou d'aménager le territoire pour préserver la ressource, en protégeant par exemple les zones humides » indique le président de la Coordination Rurale des Bouches du Rhône.

S’adapter au changement climatique

Selon les météorologues, cette situation devrait s’amplifier dans les prochaines années, en raison du changement climatique. « Le climat évolue, mais ce n’est pas linéaire. Les prochains hivers ne seront pas forcément plus doux ou pluvieux. Les agriculteurs doivent donc s’adapter en permanence » conclut Franck Mourgues.

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