En cette fin d’année 2017, des bruits de couloir de plus en plus persistants, ont fait état d’une probable mise en place d’ici 5 à 10 ans d’une taxe supplémentaire sur la viande pour sauver la planète (article "Euractiv). Son but : limiter les émissions des CO2 générées par nos animaux en réduisant la consommation de viande et dégager des financements pour soi-disant soigner les maladies qui seraient provoquées à leurs dires à la surconsommation de produits carnés et éviter le décès de 500 000 personnes par an. Encore un coup bas porté aux éleveurs, une fois de plus stigmatisés. Une fois n’est pas coutume, l’attaque ne vient pas des traditionnels défenseurs de la nature ou du bien-être animal, mais de la finance internationale. L’idée a été en effet lancée par l’organisation FAIRR, un cabinet de conseil britannique spécialisé dans les risques financiers liés à l’élevage.

Avec l’entrée en vigueur du CETA et du Mercosur, il est malheureusement peu surprenant de constater que la viande devient un objet de spéculation internationale. Et ce sont les éleveurs qui en seront encore une fois les victimes, alors que l’industrie saura s’adapter : le cabinet FAIRR travaille en effet avec Tyson, le géant Américain de la viande, et l’accompagne notamment dans le développement de sa gamme « Au-delà de la viande » constituée de substituts végétariens.

Une attaque injustifiée

Mais l’élevage est-il vraiment responsable de ce qu’on lui reproche ? Rappelons qu’en France, l’élevage n’est responsable que de 8 % des émissions brutes de gaz à effet de serre, et que 30 % de ces émissions sont compensées par le stockage du carbone dans les prairies. Sans parler de l'immense biodiversité contenue dans nos paysages d'élevage. La viande canadienne ou brésilienne peut-elle en dire autant ? Sur le plan sanitaire, la France est réputée pour produire des viandes de qualité. Nos élevages sont soumis à des contrôles sanitaires stricts et à une pression administrative sans égale. Les consommateurs aux revenus modestes vont être encore une fois pris pour des pigeons. Avec l’entrée en vigueur du CETA et du Mercosur, des quantités de viandes étrangères vont entrer sur le sol français, non soumises aux mêmes règles d’hygiène et de sécurité que les nôtres. De la viande produite dans des élevages bien loin des tailles de nos élevages français, avec des produits vétérinaires non autorisés dans notre pays. Ne nous y trompons pas, c’est cette marchandise-là qui est nocive pour la santé des consommateurs et ces systèmes d’élevage intensif qui font exploser les émissions de CO2.

Cette nouvelle taxe sera au détriment des éleveurs français qui n’auront pas la possibilité de la répercuter sur leurs coûts de production. L’élevage français est en danger, et l’opportunisme des l’industriels est sans limite. Enfin, cette idée fait le bonheur des traditionnels donneurs de leçon animalistes, qu'on n'entend pourtant jamais sur l’importation de denrées produites hors de France, dans des circonstances douteuses, dont l’acheminement a aussi un impact sur l’empreinte carbone.

Les paysans vont finir de crever… mais à qui profite le crime ?

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