Le jeudi 2 juillet a été lancé le Référendum d’Initiative Partagée (RIP) pour les animaux, à l’initiative de Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic), Jacques-Antoine Granjon (Vente privée), du journaliste de France 2 Hugo Clément (notamment connu pour s’être introduit illégalement dans un élevage de volailles breton), et d’autres organisations parmi lesquelles l’association antispéciste L214.

Sur les six propositions formulées dans ce RIP, trois concernent l’élevage : l’interdiction de l’élevage en cage, la fermeture des élevages à fourrure et la fin de l’élevage intensif. Les trois autres propositions concernent le cirque, la chasse et la recherche. Pour que ce référendum arrive au sommet de l’État, il faudra qu’il soit signé par plus de 4 millions de Français et 185 parlementaires.

Pour nous, agriculteurs, si ce RIP arrivait au bout de son chemin, il n’aurait comme seule conséquence que d’accentuer les importations de produits carnés venant du monde entier, et d’exposer encore plus les éleveurs français à une concurrence déloyale. Alors comment certains de nos politiques, qui crient pourtant haut et fort qu’ils soutiennent leurs agriculteurs, ont-ils pu soutenir ce RIP en y apposant leur signature ? C’est ce que nous sommes allés demander à Bertrand Bouix, député du Calvados, le 2 octobre dernier à l’occasion d’une rencontre à sa permanence.

Pour lui, c’est clair, ce RIP est l’opportunité d’offrir à chaque Français la possibilité de participer aux débats sociétaux liés au bien-être animal. En aucun cas il ne le considère comme un moyen détourné d’interdire à terme l’élevage et la chasse. Sa démarche n’est pas faite pour démolir l’agriculture, mais pour que chacun se pose les bonnes questions et, peut-être, à l’instar de l’élevage intensif, de préparer un changement de modèle dans les 20 années à venir.

Un discours difficile à entendre et à accepter car, «Pour nous, agriculteurs, ce RIP n’est qu’un amalgame qui ne mène ni à la réflexion, ni à la compréhension. Comment est-il possible d’associer l’élevage, les recherches sur les animaux, la chasse et le cirque ? » s’inquiète Christophe Voivenel, éleveur et trésorier de l’URDAC/CR14.

« Nous lui avons expliqué que si les mesures portées par ce RIP venaient à être adoptées, les conséquences ne se répercuteraient pas seulement sur les éleveurs, mais aussi sur les consommateurs. Nous avons aussi rappelé que les éleveurs sont les premiers acteurs du bien-être de leurs animaux. Nous les élevons dans de bonnes conditions, ainsi nous limitons les accidents physiques ou sanitaires qui auraient un impact négatif direct sur la rentabilité de notre élevage » a expliqué Jean Jacques Pesquerel, éleveur et président de l’URDAC/CR14.

Pour la Coordination Rurale, ce projet n’est que le cheval de Troie de l’abolition de l’élevage pour des grands patrons d’entreprises souhaitant développer la viande de synthèse. En effet, Xavier Niel, cité précédemment comme soutien à ce RIP, est l’un des financeurs d'une usine de production de viande végétale modestement nommée « Les Nouveaux Fermiers ». «Nous espérons que nos concitoyens ne seront pas dupes. Nous ne souhaitons pas nous battre avec les consommateurs, au contraire, nous voulons œuvrer ensemble, pour cela il faut que nous nous écoutions. Certains de nos collègues ont fait des erreurs, mais il ne faut pas faire une généralité de ces cas isolés» conclut Jean Jacques Pesquerel.

Dans la même catégorie

Normandie
CR 14
Bretagne
Normandie