Pour la huitième année consécutive, l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) a publié son rapport annuel au Parlement, destiné à informer les acteurs économiques et les pouvoirs publics de la formation des prix et des marges dans la chaîne de commercialisation des produits alimentaires.

Ce rapport présente de manière exhaustive le bilan des flux dans la filière des produits laitiers, et nous indique qu’environ 40% des volumes collectés (9,86 millions de t), sont exportés vers les pays tiers, pour un budget total de 6,9 milliards d’euros en 2018. Or, après avoir réalisé la somme de toutes les fabrications réalisées par les industriels laitiers ainsi que la part destinée au commerce extérieur, le chiffre est plus proche de 21% (5,17 millions de t), bien loin des 40% initiaux. Cette division par presque deux de la part de l’export induirait de manière significative le prix du lait payé aux éleveurs ! En effet, il est indiqué dans le rapport OFPM que la valeur à l’exportation des produits laitiers s’élève en 2018 à hauteur de 6,9 milliards d’euros. Cette valorisation ne sera cependant pas la même si elle est appliquée sur 21% ou sur 40% des volumes à savoir 1 334€/1000L ou 700€/1000L.

Coût de production : un échantillon totalement déconnecté de la réalité

Cette année encore, l’échantillon pris en considération pour le calcul des coûts de production est très peu révélateur de la réalité des exploitations laitières françaises. En effet, deux types d’échantillon sont considérés : l’un prenant en compte les 25% des meilleures exploitations laitières française (réseau Inosys), l’autre étant basé sur le réseau d’information comptable agricole (RICA) mais qui prend en compte une part importante d’exploitations situées en zone de montagne à hauteur de 45%, exploitations qui ne représentent pourtant qu’environ 26% des exploitations françaises. Ces exploitations situées majoritairement dans des zones fromagères labellisées (AOP, IGP) disposent d’un prix du lait ne reflétant pas le prix du lait moyen payé sur les exploitations françaises.

Du point de vue des producteurs, les comptes n'y sont pas !

Le rapport de l’OFPM nous expose également la composition du prix des principaux produits laitiers de leur évolution chaque année. Nous avons pris l’exemple du lait et notamment du lait demi écrémé UHT qui est le principal produit dans sa catégorie. Il a vu son prix à la consommation passer de 0,59 €/L en 2001 à 0,8 €/L en 2018, soit une progression de 36 %. L’évolution des différentes parts revenant à chaque maillon ont logiquement suivi une inflation, mais de manière complètement déséquilibrée entre les acteurs ! Ainsi, la grande distribution à, entre 2001 et 2018, accrue sa marge brute de 100 %, l’industrie de 68 % alors que les producteurs accusent un recul du prix de l’ordre de -12 % ! La période 2014-2017 a particulièrement parlante : le prix payé au producteur a chuté de - 41 % quand la marge des industriels a progressé de +32 % et celle de la GMS de +45 % !

Ce constat illustre parfaitement la situation dans laquelle se trouvent les éleveurs laitiers : les prix payés ne couvrent pas les coûts de production, et les négociations que ce soit dans le cadre des EGA ou entre les OP et laiteries ne donnent pas satisfactions aux agriculteurs. La volonté initiale affichée au début des négociations des États généraux de l’alimentation étant d’inverser le calcul du prix des denrées en partant du producteur, cette revalorisation doit absolument avoir lieu.

        OFPM - Composition du prix moyen annuel au détail en GMS

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