La session Chambre d’agriculture automnale a eu lieu le 16 octobre 2020. Ce fut l’occasion de présenter le projet stratégique 2019–2025 s’articulant autour de trois axes : accompagner l’agriculture dans ses transitions économique, sociétale et climatique ; créer plus de valeur dans les territoires ; et faire dialoguer l’agriculture et la société.

Au-delà des intitulés qui détaillent les futures offres de service correspondant à chaque axe de travail, l’ambition de conserver le client est manifeste. En témoigne les objectifs « atteindre 40 % des parts de marché sur les formations continues auprès des agriculteurs » ou encore « appuyer, avec une offre de service harmonisée, au moins 25 % des agriculteurs dans leur déclaration PAC ». Même si, naturellement, la profession a besoin de formation et de conseil, l’offre se décentre de la production. On ne parle d’ailleurs de valeur ajoutée qu’en échange d’efforts supplémentaires, oubliant que la qualité de nos produits est déjà excellente. En bref, on a l’impression de partir des besoins de la Chambre pour aller vers les agriculteurs et non l’inverse.

Huit motions votées à l’unanimité, mais…

Huit motions, choisies par le bureau de la Chambre d’agriculture, ont été présentées puis mises au vote. Parmi ces huit motions, adoptées à l’unanimité, deux ont été proposées par la CR 48. Elles concernent la surtransposition française des directives européennes et la disparition des produits phytopharmaceutiques en agriculture. Les six autres motions étaient relatives : • aux contrôles PAC et retards de paiement des aides pour la campagne 2020 en Lozère, • à la valorisation du bois (notamment en soutien à l’usine de Tarascon), • à la mobilisation du plan de relance, • aux dégâts causés par le criquet italien, • à la mobilisation du PDR durant la période de transition entre les programmations PAC, • aux prix des broutards.

Nous avons pu noter que la motion relative aux prix des broutards réclame ce que la CR prône depuis sa création : obtenir le juste prix du travail effectué. Les discussions sur cette motion ont mis en lumière les efforts sanitaires nécessaires pour exporter, sans contrepartie des pays importateurs. Ces broutards sont finalement évacués plus que vendus. Mais l’état d’esprit de nos champions de l’export évolue vers ce qui a fondé la CR : après s’être réjoui d’avoir trouvé un marché, ils demandent à ce que les éleveurs soient rémunérés.

Des motions soumises par la CR non-présentées

Parmi les motions proposées par la CR, certaines n’ont pas été retenues par le bureau. L’une d’elles concernait le référendum d’initiative partagée (RIP) sur la condition animale. Nous demandions l’appui du ministère de l’Agriculture afin qu’il rétablisse la vérité sur les engagements de ce RIP et les véritables intentions de ses promoteurs. En effet, les instigateurs du référendum ne peuvent être juges et partie en interdisant une forme d’élevage mais en finançant la production de viande de synthèse. La CR appelle les parlementaires à se positionner contre un projet de loi qui pourrait découler de la vision simpliste et tronquée de ce RIP.

La CR a également soumis au bureau une motion concernant la certification Haute valeur environnementale (HVE) qui n’a pas été retenue par le bureau. Nous considérons que les contraintes liées à la certification HVE ne seront pas compensées par une hausse des prix des produits, comme c’est le cas avec la certification AB. Cette certification n’est pas sans rappeler le concept d’« agriculture raisonnée », mort-né par manque d’intérêt tant des consommateurs que des agriculteurs.

La CR alerte, particulièrement en Occitanie, sur le risque que l’accès à certaines subventions soit conditionné à l’obtention de ce type de label. De même, les coopératives peuvent être tentées de rendre obligatoire la certification HVE pour la commercialisation des produits de leurs adhérents. Aussi, nous demandons que la démarche soit volontaire et qu’elle ne conditionne pas le versement d’aides. Le consommateur doit décider lui-même de l’avenir de la certification HVE par un acte d’achat des produits dont le prix serait supérieur aux produits non-certifiés.

Pas de surprise dans le fait que cette motion n’a pas été présentée en session. En effet, la Chambre d’agriculture ne voit pas d’inconvénient à proposer une prestation ne répondant qu’au bon plaisir des associations environnementalistes, et ce, même si cette prestation n’est qu’une boîte vide pour les agriculteurs.

Présentation du plan de relance

En fin de session , le directeur de la DRAAF a rapidement décrit l’affectation des sommes octroyées par le plan de relance. Celui-ci s’articule autour de deux axes : le premier concernant la transition écologique, qui répond aux attentes sociétales, et le second qui concerne la création et la répartition de la valeur ajoutée.

La répartition des sommes s’effectue de la manière suivante : • 400 millions d’euros en 2 ans pour une alimentation saine, sûre et durable (grâce notamment à l’appui de la loi Egalim) ; • un plan protéine ; • des aides PDR à la modernisation, le bien-être animal, les bâtiments (donc 130 millions d’euros pour les abattoirs) ; • une aide de 250 millions d’euros pour le renouvellement des agro-équipements sous forme d’appel à projet « guichet », c’est-à-dire avec un dépôt de dossier en continu au lieu des appels à projets avec dépôt de dossiers selon des dates butoir ; 200 millions d’euros pour la gestion des forêts, le reboisement et l’aval de la filière.

En conclusion

Il ressort de cette session Chambre d’agriculture, comme des sessions régionales auxquelles nous assistons, comme des discours des préfets départementaux et régionaux, que l’État nous pousse vers plus d’écologie étant lui-même poussé en ce sens par les faiseurs d’opinion.

On nous vend une nouvelle agriculture triplement performante, écologique, rentable, humaine avec le même aplomb que ceux qui, il y a quelques décennies, prodiguaient des conseils inadaptés, excessifs poussant à fond les manettes du productivisme au nom de la modernisation.

Quelle sera l’agriculture de demain ? Tous les scénarios sont possibles. La CR défend et défendra toujours tous les agriculteurs. Sachons répondre aux demandes légitimes de la société, les expliquer pour anticiper leurs conséquences concrètes. Sachons simplement juger ce qui nous est proposé car c’est nous qui serons responsables, jamais ceux qui nous ont conseillés.

 

Maria Baret, élue Chambre CR 48

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