Hier, les députés ont adopté en seconde lecture la proposition de loi d'André Chassaigne visant à réévaluer les retraites agricoles de 75 à 85% du SMIC à compter du 1er janvier 2022. S'il s'agit là d'une véritable avancée pour le monde agricole, la portée du projet de loi a tout de même été réduite en partie par la majorité présidentielle, laissant un goût amer à cette victoire en demi-teinte.

De nombreux bénéficiaires écartés

La section Retraités de la Coordination Rurale accueille favorablement cette revalorisation à 1 025 euros pour une carrière complète. Elle rappelle toutefois que la pension de retraite restera inférieure au seuil de pauvreté qui est établi à 1 041 euros en 2020.

Pour Armand Paquereau, responsable de la section Retraités : "Attendre le 1er janvier 2022 pour la mise en application de cette réévaluation est inconcevable, les anciens exploitants agricoles attendent cette mesure depuis des années. D'autant plus que le président de la MSA a récemment assuré publiquement pouvoir la mettre en place au 1er janvier 2021".

Si le texte prévoit que les actuels et futurs retraités pourront en bénéficier, ceux touchant une retraite d'un autre régime ne sont pas concernés. Ainsi, cette restriction fait tomber le nombre de bénéficiaires de 290 000 à 196 000.

Les agricultrices, grandes oubliées de la loi retraites

De même, de nombreuses agricultrices sont oubliées par cette loi, alors qu’elles ont tenu leur place et ont largement contribué au développement de la production agricole. Bien qu’ayant toujours travaillé sur l’exploitation, parfois sans aucun statut, parfois en tant que conjointe-collaboratrice, ou quelques années seulement en tant que chef d’exploitation, un grand nombre d’entre elles ont en effet une carrière incomplète. Et cela vient s’ajouter aux années de congé parental et au manque de revenu qui ont aussi largement contribué au bas niveau de cotisations.

"Il n’est vraiment plus possible non plus pour les agricultrices d’attendre indéfiniment la reconnaissance qu’elles méritent", s’est indignée Catherine Laillé, responsable de la section Agricultrices. "La section Agricultrices de la CR demande que le gouvernement mette fin à cette injustice sociale en réévaluant dès maintenant la pension de toutes ces femmes en agriculture au minimum à 85 % du SMIC net".

La CR demeure vigilante

Toutefois, la Coordination Rurale compte maintenant sur les sénateurs qui devront adopter cette loi en seconde lecture le 29 juin prochain et espère, au vu de la situation actuelle, que le gouvernement ne posera pas son véto, comme il l'avait fait en 2018. "Il faut donc rester prudent, et continuer à se battre car beaucoup reste encore à faire pour les retraites des agriculteurs", prévient Armand Paquereau.

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