D'après la dernière note de conjoncture Agreste, la production viticole s'établirait en 2017 à 36,9 millions d’hectolitres, soit un niveau inférieur de 19 % à celui de 2016 et de 18 % à la moyenne des cinq dernières années. On note d'ailleurs, une diminution du volume de récolte - par rapport à la récolte précédente - dans l'ensemble des bassins à l'exception du Val de Loire (+ 8%) et du Beaujolais (+4%).

Voici un retour de différents viticulteurs :

GERS (C. MONTELIEU) :

Dans le Gers, les vendanges ont été avancées de 15 jours à cause du botrytis. La récolte est très acide avec des degrés inférieurs aux années précédentes. Néanmoins, cela reste un bon millésime dans l'ensemble, hormis pour les parcelles gelées (15% de la surface du vignoble) donc les niveaux de récolte sont inégaux d'un producteur à un autre. Concernant les prix, ils apparaissent à la hausse malgré des stocks encore très importants de la récolte 2016. La récolte gersoise est estimée à 1.618 million hl (contre 1.9 million hl l'an dernier).

AUDE (JP RIVES) :

Le bilan est désastreux : en moyenne les pertes de récolte sont de l'ordre de - 30 à - 35 %. Mais sur certains secteurs elles peuvent atteindre -55 %. Le gel et la sécheresse ont "dépouillé" les viticulteurs du département. Un grand nombre de producteurs vont rester sur le carreau et ceux qui s'en sortent encore envisagent de tout arrêter avant que la situation n'empire.

HERAULT

Si l'an dernier les perte de récolte étaient déjà de l'ordre de 20 %, cette année la douche est encore plus froide avec -40 % par rapport au rendements "traditionnels". De plus, les prix sont inférieurs de 20 % par rapport à la moyenne. En cave coopératives, le prix du sauvignons approche les 100 €/hl . En revanche, il n'y a pas de marché sur le rosé, malgré un prix de vente  entre 95 et 100 €/hl. Les vins rouges de cépage (merlot, cabernet,  syrah) sont autour de 90 €/hl. Comparativement, les vins de cépages espagnols sont à 80 € rendus Languedoc. La qualité est au rendez-vous mais il n'y a pas de quantité. Les vendanges sont fini depuis le 15 septembre pour l'ensemble du département.

VAR

Le gel a été très important cette année dans le secteur Saint-Maximin, Brignoles, Carces, Montfort, Cotignac, etc. Dans l'ensemble du Var, la récolte est inférieure de 20 à 70 % suivant les secteurs  : - près de Brignoles, moins 70 %, uniquement en raison des épisodes de gel ; - la sécheresse a occasionné de grosses pertes, entre 20 et 50 % pour la majeure partie du département ; - seule une partie de la Sainte Victoire a bien résisté ; - secteur de Pourcieux, la récolte est similaire à celle de 2016 (quantité correcte et belle qualité) ; - secteur de Pourrières, 10 à 20 % de récolte en moins dû uniquement à la sécheresse mais la qualité est bonne.

SUD DES BOUCHES DU RHONE

La sécheresse et les fortes chaleurs auront eu raison de la récolte puisque la baisse de rendements est estimée à 45 %. Le rouge est plus touché que le blanc.

VAUCLUSE

Pour les vignobles Côtes du Rhône Centre, la baisse de rendement est de 30 à 50 % mais la qualité est excellente.

Pour l'ensemble des trois terroirs Vallée du Rhône, Ventoux, Luberon, les rendements sont de moins 40 % avec des taux de degré inférieurs, surtout en grenache. Les variétés clairette n'ont pas  subi le phénomène de la coulure mais les degrés sont également inférieurs. Contrairement à l'année dernière, aucun phénomène de pourriture n’est à déplorer.

MUSCADET (M.CHENEAU) :

Dans le Muscadet, les volumes sont très disparates, avec des moyennes allant de 5Hl/ha à 55hl/ha selon les secteurs. Certains producteurs ont fait une année pleine en atteignant les rendements butoirs. Le volume du vignoble en AOC devrait être légèrement supérieur à celui de l’an dernier. Hormis le gel, les maladies comme le mildiou n’ont pas été très virulentes cette année, donc toutes les sorties de raisin ont pu être conservés. La qualité est jugée très bonne avec des jus entre 10.5 ° et 12 ° potentiel, voire plus.

CENTRE

2ème année de gel en Indre et Loire. Un arrêté a d'ailleurs été pris pour l’ensemble du département classé en aire de production avec perte de récolte significative. La distinction doit donc se faire entre les vignes gelées en 2016 et 2017, celles "seulement" gelées en 2017 , et celles non gelées. Les quantités espérées ne sont pas là  : - Secteur de Montlouis AOC : -20% (vs. 2016) - Secteur de Bourgueil: les rendements sont corrects sur vignes non gelées. Sur celles gelées, les rendements varient entre 2 hl a 15 hl / ha. La qualité est bien au rendez-vous. Avec un super équilibre. Les dégustation après fermentation laisse présager des vins déjà ronds avec de la matière (tanin présent) mais fin. Un joli millésime.

CHARENTES (X.DESOUCHE) :

Les rendements vont de 5 à 230 hecto/ha (!) avec une moyenne régionale sur le bassin Poitou-Charentes (selon le BNIC) de 80 à 90 hecto/ha (autour de 60 en Charente). Les faibles niveaux de rendements s'expliquent par le gel de ce printemps. En revanche, on note une année exceptionnelle sur les parcelles non gelées avec environ 200 hecto/ha et 9°minimum ->20 hecto/ha d'alcool pur. Les vendanges ont été avancées d'au moins 10 jours à cause de l'état sanitaire médiocre et la recrudesence de ver de la grappe.

BERGERAC (A.QUEYRAL) :

La situation est catastrophique : les pertes de récoltes sont dues à 80% au gel printannier et 20% à la sécheresse. Il ne reste plus que très peu de rouge à récolter et le Monbazillac. Sur l'ensemble de la récolte, nous serons au mieux à 40% d'une année normale voir 35% si Monbazillac récolte moins du fait de la sécheresse. Le peu de vin récolté est par contre d’une bonne qualité sanitaire et devrait permettre un bon millésime d'un point de vue qualitatif.

Par ailleurs, la situation économique est préoccupante avec des cours très bas (950€/tonneau quand le générique Bordeaux est à 1500€). Pour la Dordogne, 2018 Année noire qui va laisser des traces. C’est la plus mauvaise récolte du siècle.

ILE DE FRANCE (P.BERSAC) :

Les vendanges ont commencé avec 3 semaines d'avance au vu d'une maturité suffisante (début septembre au lieu de 3e semaine de septembre). Une pluie finale a entraîné un peu de pourriture acide, due surtout aux attaques d'insectes. La baisse de récolte reste très variable aucune baisse lorsque les vignes sont protégés par l'environnement urbain, en revanche on recense des chutes jusqu'à -75% sur Chardonnay et - 60 % sur Pinot noir. La pression de l'oïdium est très forte, mais plus faible en mildiou. Le TAV supérieur à 12 %, voire 13% si bien exposé. Les cépages résistants ont bien résisté et offre une belle récolte. L'ensemble des vinifications sont en cours ou déjà achevées.

SUD-MACONNAIS (F.CURTIS) :

En blanc : un stress hydrique important a entrainé des pertes de rendements de l'ordre de -20 à -30 %. Par ailleurs, l'état sanitaire est resté très bon et la récolte est très qualitative. En rouge : "exceptionnelle en qualité ! Je n’ai jamais ramassé ça en 20 ans !" Toutefois, on observe une chute de rendement de l'ordre de -35% à -50%.

JURA (JL. MANDRILLON) :

Les vendanges ont été rapides, sauf pour quelques communes et parcelles épargnées par le gel de printemps. La qualité est bonne et le ban des vendanges a été avancé de plusieurs jours afin de récolter les crémants au plus vite (fin aout). Cette recolte est d'un faible volume ce qui a contraint les acheteurs de raisins à majorer leurs tarifs de près de 20 centimes d'€ du kilo. Cette année la pression sanitaire est restée faible mis à part pour quelques parcelles isolées dans le vignoble. Suite à plusieurs années compliquées, le marché manque de vin et les cours montent. Le vignoble vieillit et la rentabilité reste très faible sur les parcelles les plus anciennes (30 a 40 ans) où les remplacements ne sont plus effectués. L'esca et autres maladies du bois continuent de dégrader le vignoble, de nombreuses parcelles nécessiteraient d'être replantées. Le syndicat viticole (société de viticulture du Jura) réfléchit pour trouver des solutions face à la baisse inexorable de ses adhérents. Le remplacement des générations ne se fait pas. Les quelques reprises d'exploitation mises en général sur le bio, mais ne tiennent pas dans la durée.

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