Isabelle Durnerin-Degouve, vice-présidente de la Coordination Rurale du Var, présidente du Semime Paca syndicat d’éleveur de chevaux, juge nationale selles français, anglo-arabe et poneys, est une éleveuse de chevaux et poneys de sport et d’ânes de Provence à Puget-sur-Argens (83). Voici le portrait de cette passionnée :

Comment/pourquoi êtes-vous devenue agricultrice ?

Je suis devenue éleveuse par passion. J’ai pris la suite de mon compagnon qui était éleveur d’ânes à titre secondaire. Il m’a offert notre première poulinière, une jument Camargue, qui nous a donné 10 poulains. La demande étant importante, je me suis lancée dans l’élevage de poneys de sport avec 2 juments issues d’une jument de CSO junior. Depuis 1993, nous avons fait naître plus de 50 poulains en chevaux et poneys de sport et à peu près autant en ânes de Provence. En parallèle, j’ai également monté une pension de chevaux dans des bâtiments prêtés par mon compagnon. Ces pensions servent à la bonne conduite de l’élevage et les clients des écuries ont pour beaucoup acheté des produits. J’ai également reçu beaucoup d’aide des haras nationaux d’Uzès pour m’orienter vers de bons étalons. J’ai augmenté petit à petit le nombre de poulinières (6 ou 8 selon les années) avec en moyenne 5 naissances par an. J’ai connu des périodes florissantes, lorsque la conjoncture était propice au développement de la filière équine.

 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Il y en a eu plusieurs :

  • moyens financiers des éventuels acheteurs qui ont diminué ;
  • multiplication de petites structures à moitié sauvages n’ayant ni charges ni TVA ;
  • augmentation de la TVA, des aliments et des fourrages ;
  • charges salariales ne permettant plus de rémunérer un salarié en CDI ;
  • être seule et n’avoir personne à qui parler le soir, est vraiment difficile ;
  • une année 2016 difficile et 2017 encore plus ;
  • grandes difficultés à faire valoir la qualité de ce que nous produisons. La qualité a un coût que l’on n’arrive plus à faire reconnaître. Du coup, je vends à l’étranger mais tout en restant sur des prix plus faibles que le prix réel mais puisqu’il n’y a pas de TVA, c’est toujours plus intéressant que de vendre en France ;
  • l’équarrissage qui est devenu payant alors qu’avant c’était un service gratuit pour les élevages. Élever ses chevaux jusqu’au bout à un coût.
 

Quels projets pour la suite ?

J’aimerais bien monter une structure d’insémination sur place. Depuis la fermeture de l’étalonnage publique, dans le secteur Var-Est, nous avons beaucoup de kilomètres à parcourir pour faire inséminer nos juments.

 

En tant que femme, avez-vous rencontré des difficultés particulières dans l’univers agricole?

Je n’ai pas eu de problème en tant que femme, j’ai une bonne réputation et je suis prise au sérieux.

 

Selon vous, quel est l'intérêt de s'engager à la CR ? Qu'est-ce que cela vous apporte personnellement et qu'est-ce que la CR peut apporter aux agricultrices et agriculteurs ?

J’étais anti-syndicats avant de connaître la CR. Jusqu’alors, je percevais les syndicats comme des piquets de grève et anti-progrès ou avancements. Un jour, le président de la filière équine Paca, invité à l’AG de la CR83, m’a demandé de m’y rendre à sa place. J’y suis allée et j’ai été conquise par le bon sens des intervenants et la chaleur humaine qui se dégageait. La CR redonne confiance en soi. D’autres professionnels équins ont connu des moments difficiles et la CR a cherché à les défendre. Il ne faut pas craindre de PARLER, une solution peut toujours être trouvée.

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