Aujourd’hui, retrouvez le portrait d’Yvette Lainé, 52 ans, agricultrice en production lait et veau de boucherie à Saint-Ouen-le-Brisoult (Orne).
Pourquoi êtes-vous devenue agricultrice ?
Yvette Lainé : Au départ, je suis devenue agricultrice, non pas par choix mais par nécessité, car le dossier d’installation de mon mari ne passait pas. J’étais diplômée d’un BEPA comptabilité alors, à l’époque, l’ADASEA m’a conseillé de m’installer avec mon mari en EARL.
Comment s’est déroulée votre installation ?
YL : Cette installation, qui remonte à 1991, fût bien compliquée. Nous avons regroupé deux sites d’exploitation : l’exploitation de mes parents de 32 hectares et un autre site de 28 hectares, ainsi nous disposions de 40 hectares pour l’élevage et 20 pour la culture. Cependant, nous avons eu moins de 6 mois pour réaliser tous les travaux nécessaires pour moderniser l’exploitation (stabules, salle de traite) et rendre habitable la maison qui était alors insalubre.
Qu’est-ce qui fût le plus compliqué ?
YL : La principale difficulté a été de concilier le travail hebdomadaire, les travaux et la vie de famille. À l’époque, notre fille n’avait que quelques mois et heureusement que nous avons pu compter sur la solidarité familiale. Mais en 2001, nous avons dû prendre une décision importante : soit je partais travailler à l’extérieur, soit je devais faire évoluer mon poste faute de revenus suffisants pour deux. Après en avoir discuté en famille, en 2002 nous avons fait évoluer notre exploitation en créant un atelier veaux de boucherie et en adhérant à une petite coopérative pour la vente. Aujourd’hui nous avons réussi à relever le défi. Pour preuve, nous arrivons même à partir quelques jours en vacances tous les ans.
Vous êtes également une femme engagée dans la défense de votre profession...
YL : Il y a quelques années j’ai ressenti le besoin de contacts et d’échanges. Cette profession que je n’avais finalement pas choisie était devenue une vraie passion, j’y avais pris goût et je voulais m’investir pour la défendre. Je me suis donc engagée au sein du service de remplacement pendant 7 ans, en 2004 je suis devenue présidente de mon canton et en 2010 au niveau départemental.
Et le syndicalisme ?
YL : Pendant la grève du lait avec l’APLI, j’ai été frappée de voir autant de détresse d’hommes et femmes dans les exploitations. Certains avaient juste besoin de parler… J’ai rencontré le président de la CR50 et me suis rendu compte que nous partagions les mêmes valeurs. J’ai décidé de les rejoindre et d’être avec eux sur la liste des élections à la Chambre d’agriculture en 2013. Il était alors urgent pour moi de défendre mes idées et de dire stop à la pression subie depuis trop longtemps.
Vous avez aussi des responsabilités aujourd’hui au niveau national ?
YL : Un jour, l’animatrice de la CR Normandie, m’a téléphoné pour représenter la CR à VIVEA à Paris. C’était un nouveau challenge et les enfants étant parti de la maison, c’était le moment pour le faire ! Ensuite, je me suis présentée en interne au comité directeur et aujourd’hui je suis fière de représenter la Coordination Rurale.
Pour conclure, souhaitez-vous rajouter quelque chose ?
YL : À la Coordination Rurale, mon engagement est riche, grâces aux échanges et aux rencontres. Agriculteurs, agricultrices, soyons forts et optimistes, la CR peut gagner les Chambres d’agricultures ! Demain, j’installe mon fils, ce sera une transmission et un nouveau départ pour lui. J’espère vivement qu’une meilleure conjoncture et une politique agricole ambitieuse puissent se mettre en place. En tout cas, à travers mon engagement syndical aux côtés de la CR, je fais mon maximum pour que ce soit le cas !

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