FGC a participé au “Carrefour” pois et féveroles organisé par l’institut technique Terres Inovia, mardi 19 novembre, à Paris.

Parmi les grands sujets évoqués par les spécialistes rassemblés durant cette journée de colloque, on note que la production de protéagineux s’est effondrée depuis la PAC 1992 même si récemment, il y a eu un léger rebond grâce aux SIE mais tué dans l’œuf à cause de l’interdiction des traitements phytos. Or, pour FGC comme pour la CR, le redéploiement de protéines dans nos assolements n’est véritablement possible que par un plan protéines européen ambitieux.

Au niveau mondial, l’Inde a fermé sa frontière aux pois (dommage pour le Canada, qui s’est reporté sur la Chine !) et le marché égyptien de la féverole s’est fermé à la France pour cause de grains bruchés ! Du coup, la France exporte davantage vers la Norvège (élevage de saumons).

Les pois et féveroles sont très sensibles au climat (maladies, insectes) et les rendements ont chuté de 50 à 30 quintaux entre les années 1990 et 2010. Comme l’autoconsommation continue à augmenter, il n’y a pas de retour de CVO vers TU/TI et les sélectionneurs, et ce manque de ressources est jugé préjudiciable. Les filières tentent donc quasi-systématiquement d’imposer la semence certifiée, via les contrats et les schémas de certification. Il y a tout de même un peu de recherche publique sur ces espèces. Le GEVES évoque de nouvelles variétés plus performantes mais qu’il faut du temps pour les agriculteurs les adoptent car il y a beaucoup de semence fermière utilisée. La recherche variétale conduite par l’INRA et Terres Inovia permet de détecter des facteurs de résistance à l’Aphanomycès mais c’est encore insatisfaisant, seuls 5 à 8 quintaux étant sauvés avec les nouvelles variétés déposées au CTPS.

Il reste très peu de matières actives sur pois et féveroles et certaines sont candidates à la substitution. La gamme phyto a été très fortement réduite ces dernières années, en induisant un coût de programme très impactant pour les producteurs : 10-15 euros suite à l’arrêt du chlorothalonil ! Quelle honte de laisser les cultures de protéagineux orphelines au moment même où l’on parle tant d’une stratégie nationale protéines (certes peu ambitieuse) ! Cela risque en outre d’accroitre les résistances. A noter que très peu de pois sont faits en bio car le désherbage mécanique est délicat. En revanche, 30% des féveroles sont bio.

Terres Univia conduit actuellement une analyse du marché européen et suggère de restructurer et mieux segmenter la filière (ou chaine de valeur) afin de gagner des parts de marché à l’export (sous réserve d’amélioration qualitative des graines) et aussi d’exporter davantage de produits transformés (farines, ingrédients). Le discours est semblable à celui d’Intercéréales qui insiste également beaucoup sur l’export et la segmentation de marché (ou premiumisation). Mais sauf à passer par une politique agricole offrant des prix directement rémunérateurs, on peut douter que cette valeur remonte suffisamment à l’agriculteur, ce qui est notre souci premier, en tant que syndicat agricole. Toute initiative de filière est la bienvenue mais la remontée de valeur à l’agriculteur n’est malheureusement pas évidente.

Actuellement, le pois n’est pas une culture rentable à l’échelle annuelle : 234 €/t de coût de production complet pour un prix de vente de 200 €/t (indexé sur celui du blé). Il est possible de bénéficier de prix supérieurs par contrat mais en général, un schéma de certification ou un cahier des charges impose des contraintes à l’agriculteur, ce qui induit des coûts de production supplémentaires pour lui. On nous rétorque alors que le marché n’est pas prêt à payer plus pour apporter un véritable supplément de prix et de revenu à l’agriculteur !

Cependant, les légumineuses à graines apportent de nombreux bienfaits écosystémiques et leur rémunération (effet précédent, services écosystémiques, réduction de CO2…) apporterait 35% de marge brute en plus. C’est la vraie valeur du pois, au-delà de sa valeur apparente ! Plutôt que de planter des arbres en Afrique, les industriels et le Gouvernement pensent maintenant à la valorisation du carbone dans l’agriculture française (démarches label bas carbone et autres).

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