L’agriculture française va très mal, les prix payés aux producteurs sont au plus bas et les scandales alimentaires successifs décrédibilisent la profession.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

Pour le grand public, l’agriculteur est considéré comme un assisté (il touche de l’argent sous forme d’aides diverses), un pollueur, un empoisonneur (il utilise des désherbants, des insecticides, des engrais chimiques, il pollue la terre et l’environnement), un riche (il possède des animaux, du matériel, des bâtiments et des terres), un magouilleur (il est complice de ventes de produits impropres à la consommation), etc. Les chiffres publiés par la Mutualité Sociale Agricole, l’organisme social obligatoire des agriculteurs, sont affolants : 30 % des agriculteurs n’arrivent pas à dégager un revenu mensuel de 350 euros, 70 % n’arrivent pas à retirer un SMIC mensuel, 50 % des exploitations sont en déficit. Et ce, malgré un temps de travail parmi les plus élevés de France : 57 heures en moyenne pour les agriculteurs, alors que la moyenne française est de 37 heures ! Deux agriculteurs se suicident tous les jours en France.

La PAC : un budget incertain...

L’agriculture française, comme toutes les agricultures européennes, est soutenue par la PAC (Politique agricole commune) et ceci depuis des dizaines d’années. Le budget de la PAC est le plus important des budgets européens avec plus de 50 % du budget général. Ce budget agricole européen de 408,3 milliards d'euros pour la période 2014-2020 est très envié ! Jusqu’à maintenant, et grâce à des bagarres permanentes, le budget agricole européen est sanctuarisé ! Mais comme vous pouvez le lire dans l’article en pièce jointe, paru le 12 janvier dans la France Agricole, « la France serait prête à puiser dans le budget agricole pour financer une nouvelle politique de défense européenne ». Ce qui laisse envisager que le budget agricole va devenir la réserve utilisable pour de nouvelles politiques ou pour boucher des trous budgétaires, et cela au détriment de l’agriculture européenne et française en particulier. La France dispose de l’un des budgets agricoles les plus conséquents, étant donné la taille de notre pays et du nombre d’exploitations. Le budget agricole va donc être amputé régulièrement pour combler les besoins de la communauté qui ne cessent d’augmenter !

Importer plutôt que produire

Nous constatons le début de la fin de la PAC. Après le charbon et l’acier c’est désormais au tour de l’agriculture ! Il est exact que nous pouvons acheter moins cher notre alimentations dans des pays qui ont un climat plus favorable, des parcellaires plus importants, des terres plus riches, pas ou peu de normes environnementales, des coûts sociaux et fiscaux très faibles ! Le blé, la viande, les légumes, les fruits importés sembleront similaires à ceux que nous consommons chaque jour et coûteront surtout moins cher. Le budget alimentaire des ménages baissera et leur permettra de dépenser davantage pour leurs loisirs. Ces nouvelles dépenses vont générer de l’emploi et de la richesse, en particulier pour l’État, grâce à la TVA et aux autres taxes.

Et les 450 000 agriculteurs français dans tout cela ?

D’après la pyramide des âges, une partie d’entre eux va naturellement prendre la retraite, d’autres arrêteront pour des raisons économiques et iront pointer au chômage, certains continueront en agrandissant leurs exploitations avec celles de leurs voisins, quelques-uns réduiront leur exploitation et se spécialiseront dans la production directe locale. Pour les zones abandonnées, on créera des emplois d’agriculteurs jardiniers fonctionnaires qui entretiendront l’espace mécaniquement, ou avec des moutons et des chèvres, pour la joie des chasseurs, promeneurs et autres. Enfin une nature vierge !

Il s’agit du plus grand plan social jamais mené en France, et surtout du moins cher !

Nous disons non à ce plan pourri des fonctionnaires européens, et sûrement français, qui veulent tuer l’agriculture française qui fut la plus riche du monde ! Nous voulons une agriculture raisonnable, performante, peu polluante, répondant à la demande des consommateurs et capable de rémunérer correctement les agriculteurs de notre pays. Pour y arriver, nous avons besoin de lucidité et de bon sens. Notre département sera l’un des plus impactés par ces évolutions. Réfléchissez à tout cela ! Excusez-moi de vous avoir occupé aussi longtemps, mais j’ai cru nécessaire de vous en informer.

Jean Philippe Rives  

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