Dans le cadre de notre déclaration PAC, et pour respecter les clauses nécessaires, certains d’entre nous ont prévu de faire un semi de couvert végétaux intermédiaires au titre des SIE. Ces « intercultures » avec des couverts végétaux entre deux cultures sont bénéfiques pour les sols, d’ailleurs les agriculteurs y ont recours de manière spontanée.

Mais aujourd’hui, Bruxelles ne nous laisse pas le choix et nous demande expressément d’implanter un couvert composé d’un mélange de 2 espèces éligibles déclaré en SIE dans notre dossier PAC. Ce couvert devra être présent sur toute la période obligatoire de 2 mois qui se situe entre le 13 août et le 7 octobre dans l'Eure. Oubliant totalement que ce qui est envisageable au printemps ne l’est pas forcément en été !

Imposer cette pratique sans flexibilité, sans aucune aide financière et en période de crise à durée indéterminée, n’est pas en adéquation avec la réalité du terrain et les contraintes climatiques.

Nous partons d’une « obligation européenne » légitime pour son impact environnemental pour arriver à une aberration écologique : du carburant gaspillé, des tonnes de poussières soulevées et des semences gâchées inutilement. Il est aberrant de devoir aller dans les champs sous 40° dans une terre brulée et tellement sèche qu’un épais nuage se forme derrière le semoir pour aller semer des semences qui ne germeront peut-être jamais ! Pourtant, face à la menace de sanctions financières, les agriculteurs sont contraints de s’exécuter, scrutant la moindre levé de ce couvert improbable. Si rien ne se passe, il sera alors possible d’envoyer (avant les contrôles de terrain) une clause de modification de déclaration PAC à la DDT. Il faudra y préciser : « Le couvert SIE semé n'a pas levé sur les parcelles désignées, pour raison de sécheresse. Je demande de prendre en compte un cas de force majeure, pour la préservation du paiement vert » et joindre des justificatifs les plus précis possible au descriptif annoté des parcelles (photo, facture des semences achetées...).

Cette nouvelle aberration prouve bien que nous évoluons dans un système agricole suradministré où le bon sens n’est plus et dans lequel on ne tient plus compte des réalités de la nature… L’objectif est-il de faire des agriculteurs de simples moutons aux œillères, démunis de leur pouvoir de décision ? À la Coordination Rurale nous nous y refusons ! Les agriculteurs sont des chefs d’entreprise comme les autres. Il est temps de rétablir notre liberté d’entreprendre !

Jacques Lamiot - Président CR27

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