Un éleveur en cessation de paiement a amené son cheval jusque dans les locaux de la chambre d'agriculture, hier à Cahors. Appuyé par la Coordination rurale, il a voulu rappeler aux responsables agricoles la situation difficile que traverse la filière équine dans le Lot.

Le cheval Pawnnie s'en souviendra, de sa journée à Cahors. Hier matin, l'étalon a laissé son pré et l'herbe fraîche d'Autoire pour embarquer avec un autre cheval dans un van, direction Cahors. Pour témoigner de la fragilité de la filière équine et dénoncer ces millions d'euros du fonds cheval qui se seraient perdus dans la nature, le propriétaire et éleveur Dominique Montenon a opté pour le spectaculaire et le symbolique.

Son cheval, il est venu le remettre au président de la chambre d'agriculture du Lot. Sitôt descendu de sa remorque, l'animal a été amené dans le hall d'entrée de l'organisme consulaire, jusque dans le bureau de la secrétaire entre la plante verte et l'écran d'ordinateur. Pawnnie, avec un flegme tout britannique inscrit dans ses gènes sans doute, a patienté pendant près d'une heure, dans le bureau puis sur le parking de la chambre, pendant que son propriétaire accompagné de représentants de la Coordination rurale s'entretenaient dans les étages avec la direction de l'organisme consulaire.

«Touchée par la crise économique et l'augmentation de la TVA, la filière équine devait bénéficier d'un fonds spécial. Voilà déjà un an que les professionnels équins ont vu leurs charges fiscales augmenter sans que les pouvoirs publics ne s'en émeuvent ! Voilà déjà un an que les centres équestres attendent la mise en place du «Fonds Cheval» sans rien voir venir, alors que ce fonds est d'ores et déjà alimenté par un prélèvement sur les paris hippiques. Il était au départ de 20 M€, on nous dit aujourd'hui qu'il serait de 15 M€. Mais où est passé cet argent ?» s'interroge Bernard Mourgues, le président de la CR46.

Dans un geste de désespoir, Dominique Montenon était parti d'Autoire avec l'intention de laisser son cheval à la chambre d'agriculture, puis de faire pareil avec un autre étalon à la MSA. Le van n'est finalement pas reparti à vide, avec les chevaux et un tombereau de problèmes. «J'arrête ma production, c'est décidé, lance l'éleveur. Je suis au RSA et vis dans un mobile-home. Mon élevage est en cessation de paiement.»
«Nous avions fait une motion il y a un an»

Dominique Montenon a été reçu par Christophe Canal, président de la chambre d'agriculture, en compagnie du directeur de l'organisme consulaire, Alain Guitard, et de Nathalie Ragot, responsable du secteur élevage et notamment de la filière équine. «Il y a un an, lorsque cette hausse de la TVA a été connue, nous avions fait une motion pour alerter le préfet, rappelle Christophe Canal. Cet éleveur se trouve dans une situation très difficile et la filière est fragilisée par des décisions nationales. Je ne suis par sûr que toutes les chambres ont investi en dédiant une personne à l'accompagnement des producteurs lotois.»
Jean-Michel Fabre

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