Des crises économiques, notre agriculture en a toujours connu. Et seule l’extraordinaire capacité d’adaptation des agriculteurs leur a permis, à chaque fois, de surmonter ces moments difficiles. Alors même que l’Administration française est championne du monde en matière de surréglementation.


Oui, mais voilà, à vouloir toujours en faire plus que les autres, laver "plus blanc que blanc" comme je l’ai souvent dit, la cocotte-minute est prête à exploser. Ce que vivent aujourd’hui les agriculteurs français ne relève plus du respect de contraintes réglementaires, mais d’un zèle administratif d’une totale absurdité qui conduit les plus enthousiastes d’entre nous à ne plus y croire, à baisser les bras et ne plus entreprendre.

Je l’affirme, cette crise n’est pas qu’économique, elle est également morale. Entreprendre en France aujourd’hui - et particulièrement en agriculture - relève d’une dose certaine d’inconscience tellement l’overdose et l’acharnement administratifs harcèlent chaque entrepreneur. Un véritable parcours du combattant l’attend et, loin de l’aider, on le décourage. Et s’il a le malheur de réussir, on envoie des cohortes de contrôleurs lui "chercher des poux dans la tête" au lieu de le féliciter et le remercier.

Monsieur le Premier ministre, vous avez déclaré, par deux fois ces derniers mois, que la France ne laisserait pas tomber ses paysans. En attendant des actes, voici quelques suggestions.

En premier lieu, au lieu de créer un ministère du redressement productif qui a montré toute son inutilité, de créer un ministère de l’économie réelle dont je n’ai pas encore compris le rôle, commencez par créer le "Ministère de la vraie, véridique et véritable simplification administrative". La vraie simplification, pas celle que l’on nous promet depuis belle lurette et que l’on ne voit jamais venir.

Ensuite, supprimez toutes ces contraintes et normes franco-françaises aussi absurdes qu’inutiles qui empêchent tout esprit d’initiative et cassent la compétitivité de nos entreprises.

Enfin, faites respecter l’équilibre des marges commerciales ! Il n’est pas acceptable que ceux qui nourrissent le pays ne puissent plus faire vivre leurs familles quand, à l’autre bout de la filière, certains annoncent des bénéfices à deux chiffres.

Monsieur le Premier ministre, il y a urgence, car la sinistrose s’est installée dans les campagnes et, je vous le rappelle, si l’animal est devenu récemment un être sensible, le paysan l’est depuis toujours.

 
Michel Legrand, président de la Chambre d'agriculture du Calvados

http://www.chambre-agriculture-14.fr/edito/

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