La section Viande de la Coordination Rurale pointe du doigt la dégradation intolérable des prix payés aux éleveurs et la responsabilité de la transformation. Elle appelle à une révision du droit de la concurrence et des outils de contractualisation.

Le rapport 2017 de l’Observatoire de formation des prix et des marges (OFPM) dévoile sans surprise une situation très dégradée en 2016 pour l’ensemble des productions agricoles, alors que les prix à la consommation sont restés relativement stables.

Les producteurs de viande bovine sont parmi les plus mal lotis. Même en prenant en compte les aides et subventions publiques, et même en s’abstenant de rémunérer les capitaux et le foncier, les éleveurs ont perdu entre 0,2 et 0,7 SMIC entre 2015 et 2016.

L’Institut de l’Élevage enfonce le clou avec la publication jeudi 13 avril d’un observatoire de l’endettement et des trésorerie des élevages bovins. Les résultats de l’étude, qui n’étonneront malheureusement pas les éleveurs, sont alarmants. La capacité d’autofinancement s’est fortement dégradée en 2016 ; les éleveurs doivent puiser dans leurs fonds privés pour maintenir l’exploitation à flot ; le refinancement par l’emprunt est en hausse, accentuant la spirale de la dette. Au-delà de ces résultats catastrophiques, l’étude montre que tous les profils d’élevages sont touchés, même les éleveurs de montagne et de bassin allaitant, que Stéphane Le Foll se targuait de soutenir prioritairement au détriment des ateliers d’engraissement. Preuve, comme n’a cessé de le répéter la CR, de l’inefficacité de la dernière réforme de la PAC et de la convergence à la française.

Une valeur captée par le milieu de la filière

Un autre résultat mérite l’attention : en viande bovine, c’est le milieu de la filière qui tire son épingle du jeu. À partir de 2014, le coût entrée abattoir ne cesse de baisser alors que le prix sortie industrie et le prix au détail sont restés relativement stables. Conséquence : la marge brute de la distribution est stable entre 2014 et 2016 alors que la marge brute de l'industrie de 1ère et 2e transformation augmente de 32 ct / kgec.

Ces données rappellent l’étude publiée en décembre dernier par des chercheurs de l’Inra, selon laquelle les aides publiques n’ont cessé d’être captées par l’aval de la filière viande. La CR avait dénoncé le maintien du couplage des aides aux bovins allaitants, qui risquait d’entraîner une recapitalisation du cheptel. Les prévisions sont devenues réalité, accentuant ainsi l’excès d’offre sur les marchés de la viande et favorisant la pression exercée par l’aval.

Le rapport démontre également l’incapacité des outils actuels de contractualisation à garantir des prix rémunérateurs aux éleveurs. Dans la lignée des onze propositions envoyées mardi 11 avril aux candidats à l’élection présidentielle, la section Viande de la CR demande une révision du droit de la concurrence qui permette de rééquilibrer le rapport de force entre les producteurs et l’aval de la filière. Ce rééquilibrage doit aller au-delà de la contractualisation bipartite, qui ne sert qu’à sécuriser l’approvisionnement de la transformation. La contractualisation ne peut se faire qu’à deux conditions essentielles :

  • les variations de coûts de production doivent être impérativement répercutées sur les prix payés aux éleveurs ;
  • la distribution doit être intégrée dans la négociation des contrats pour garantir davantage de transparence tout au long de la filière.
 

Enfin, comme le préconisait un rapport du CGAAER paru en septembre 2015, il est nécessaire de revoir le rôle et le mode de fonctionnement des organisations de producteurs, tant commerciales que non commerciales.

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