Qu’est-ce que c’est ?

Les semences de ferme ne sont rien d’autre que des graines prélevées par l’agriculteur dans sa propre récolte pour être ressemées, sans avoir recours à l’achat de semences certifiées auprès de l’industrie semencière à chaque nouveau début de campagne. À la différence des semences paysannes - pour lesquelles sélection et multiplication se font à la ferme - les semences fermières sont sélectionnées par l’industrie et reproduites à la ferme. En France, ces semences représentent minimum 50 % des surfaces cultivées en céréales ainsi qu’un choix d’indépendance fait par environ 200 000 agriculteurs.

Quels sont leurs avantages ?

Le recours à ce genre de semences présente des multiples avantages : • environnementaux : moins exigeantes en produits phytosanitaires, l’agriculteur jugeant lui-même des traitements à effectuer, selon les conditions locales ; il est ainsi possible d’éviter les traitements inutiles et systématiques ; économiques en transport car produites et ressemées au même endroit ; s’adaptant mieux au contexte pédoclimatique local, ce qui répond aux besoins de l’agriculture durable. • économiques : pour une ferme de 50 ha de blé, 20 ha de colza et 20 ha de pois, le choix entre semences industrielles et semences de ferme est susceptible d’engendrer une baisse de coût en semences proche de 50 % (source CNDSF) ; aucune diminution de rendement n’est démontrée, en comparaison avec l’utilisation de semences certifiées (la qualité du triage assure la bonne levée des cultures) ; le recours aux semences de ferme fait une saine concurrence aux semences certifiées et évite que le prix de ces dernières augmente inconsidérément. • approvisionnement : l’agriculteur dispose des variétés et des quantités dont il a besoin et se préserve des ruptures d’approvisionnement chez les fournisseurs de semences certifiées, ce qui constitue une sécurité alimentaire en cas d’accidents climatiques tels le gel obligeant à ressemer.

Qu’en pense la CR ?

La CR est contre toute exploitation purement lucrative par des industriels semenciers visant à renforcer leur monopole et leur poids auprès des pouvoirs publics pesant dans la mise en place de normes qui restreignent l’autonomie décisionnelle et d’action des agriculteurs. La CR soutient le financement de la recherche, via le Certificat d’obtention végétale (COV), mais toujours soucieuse de l’indépendance de l’agriculteur, la CR estime que les agriculteurs doivent payer les semences au juste prix, et une fois pour toutes. C’est pourquoi elle s’oppose au versement d’équivalent de royalties aux obtenteurs. Après avoir acheté la semence certifiée ils en deviennent alors propriétaires à part entière pour pouvoir la multiplier librement sur leur ferme, par souci d’économie et d’indépendance. La CR défend les semences paysannes pour les agriculteurs Bio qui ne bénéficient pas d’un grand catalogue variétal. La CR s’est battue contre la CVO blé tendre et contre la loi 8 décembre 2011 « relative aux Certificats d’Obtention Végétale » en alertant les parlementaires sur les dangers et l’injustice d’un tel système. En effet, cette loi instaure sur l’exemple de la CVO blé tendre (qui rapporte 6 M€ par an aux semenciers), le même principe pour 33 autres espèces1 si l’agriculteur veut ressemer sa propre récolte et interdit toute réutilisation pour toutes les autres espèces. Hélas, le lobby semencier, défendu par la FNSEA, a eu gain de cause, contre l’intérêt des agriculteurs. Ils ont faussement prétendu que la loi de 2011 légalisait les semences de ferme alors qu’en dehors de 34 espèces (moyennant CVO), la multiplication à la ferme est purement et simplement interdite, sous peine de contrefaçon ! Par ailleurs, depuis sa fondation, la Coordination Rurale a toujours encouragé les mélanges variétaux de céréales. Un arrêté du 26 juin 2018, modifiant l’arrêté du 15 septembre 1982 relatif à la commercialisation des semences des céréales, autorise maintenant le mélange des semences de plusieurs espèces ou de variétés d’une seule espèce. La CR est membre actif (et assume actuellement la présidence) de la Coordination Nationale pour la Défense des Semences Fermières (CNDSF) conjointement à la Confédération Paysanne, le Mouvement de la Défense des Exploitants Familiaux (MODEF), le Syndicat des Trieurs à Façon de France (STAFF). Elle milite pour une liberté totale des semences de ferme et pour préserver une pratique et un savoir-faire ancestral lié aux semences dont l’agriculteur est par nature détenteur.

Dans la même catégorie

Nos revendications
Nos revendications
Nos revendications
Nos revendications