À quoi servent les interprofessions ?

Les interprofessions agricoles sont des associations (donc régies par le droit privé), issues de la volonté de créer un lieu de concertation entre les différents maillons de la filière (production, transformation, commercialisation et distribution) pour échanger et s’organiser autour de problématiques communes.
Les décisions y sont débattues au sein de chaque collège et prises selon la règle de l’unanimité des collèges.

Les interprofessions, peu connues des agriculteurs, sont un interlocuteur incontournable des pouvoirs publics, des élus politiques et elles portent des propositions législatives. La Coordination Rurale veille à ce que cette notoriété soit utilisée à bon escient. Ces organisations fixent de nombreuses règles qui interviennent dans le travail des agriculteurs : commercialisation, critères qualitatifs
Elles sont aussi un réel outil économique pour pallier les limites, ô combien destructrices, de la coordination par le seul marché, mais elles sont soumises au droit de la concurrence ce qui peut venir entraver certaines volontés d’actions, notamment pour ce qui concerne directement les prix : risque d’entente illicite sanctionnée par Bruxelles. Si les négociations y sont parfois difficiles, la CR n’y défend que les intérêts des agriculteurs.

La CR a toujours réclamé le pluralisme syndical au sein des interprofessions, notamment pour assurer une transparence sur l’usage des CVO (Cotisations volontaires obligatoires) prélevées aux agriculteurs. La loi d’Avenir Agricole de 2014 est justement venue faire évoluer la situation de blocage que les interprofessions nous opposaient : depuis elles doivent représenter 70 % de la production pour être légitimes au regard des pouvoirs publics, ce qui implique leur ouverture aux syndicats « minoritaires », dont la CR.
Dans les faits, cette ouverture est très progressive.

La CR bientôt présente dans 11 interprofessions

Pour mémoire, la CR est déjà représentée au CNIEL (lait), à l’Interbev (bétail et viandes), à l’ANICAP (caprins), à l’Inaporc (porcins), à l’Interfel (fruits et légumes), à l’ANILS (légumes secs), à l’Interapi (abeille), à Terres Univia (oléoprotéagineux), à Val’Hor (horticulture, fleuristerie et paysage) ainsi qu’au CIFOG (comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras), à Intercéréales, à l’ANVOL (association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair) et aux interprofessions des pommes de terres, le CNIPT et le GIPT.

Pluralisme syndical : le chemin est encore long !

La loi d’avenir agricole de 2014 a contribué à déverrouiller les interprofessions, jalousement gardées par le syndicat majoritaire, allié à la transformation et aux exportateurs. Si certaines interprofessions se sont ouvertes, la loi a échoué dans la mesure où les accords interprofessionnels peuvent être adoptés et étendus par arrêté ministériel, même en l’absence des syndicats minoritaires.

L’entrée dans certaines interprofessions n’a pas été de tout repos. Par exemple, bien longues ont été les tractations avec Intercéréales, la CR espérant autre chose qu’un strapontin (une minorité de blocage) pour finalement aboutir à une répartition des sièges très inéquitable, avec dans le collège producteurs, 5 sièges pour l’AGPB, 3 pour l’AGPM et seulement 1 pour la CR/FGC. Néanmoins, nous disposons aussi d’un siège au conseil d’administration et participerons à tous les comités et groupes de travail, ce qui va nous permettre de contribuer à la réflexion de filière et d’apporter notre bon sens paysan.
Même chose du côté du CNIEL : la CR y est minoritaire mais peut exercer une véritable influence ainsi qu’un contrôle sur les décisions qui y sont prises.

Un esprit constructif

Le fonctionnement est assez fluide et pluraliste au sein d’Interbev et d’Interfel où la CR, mieux acceptée, travaille en bonne intelligence, dans l’intérêt des producteurs.
La CR a, au sein d’Interfel, gagné en 2017 le combat contre l’obligation contractuelle pour les producteurs de fruits et légumes.

Un rôle renforcé suite aux EGA

Dans le cadre des États généraux de l’alimentation (1), le Président de la République, Emmanuel Macron, a renforcé les interprofessions et a demandé à chacune d’elles d’établir une feuille de route stratégique : le plan de filière.
Le bilan ne fut pas glorieux ! Alors que les instituts techniques travaillent dessus, les interprofessions méprisent totalement la notion des coûts réels de production de nos cultures.
Intercéréales, alors que les prix ont été divisés par 3 en 30 ans, propose dans son plan de filière, pour sortir de la crise, de baisser encore les prix de 15 €/t ! Pour elle, le prix objectif est 140 €/t.
Quant à Terres-Univia, elle ne songe qu’à sauver la filière du biodiesel et nous demande textuellement de « passer par une phase de perte », alors que cela fait plusieurs années que les producteurs d’oléoprotéagineux ne dégagent pas de revenu correct. Clairement, les intérêts des producteurs sont très mal défendus au sein des interprofessions.
Les autres plans de filière sont axés sur l’export ou sur la montée en gamme, utile mais limitée en matière de débouché et ne s’intéressent pas suffisamment au revenu des producteurs.

La CR défend bec et ongles des indicateurs de coûts de production suffisamment hauts pour qu’ils rémunèrent non seulement le travail, mais aussi le capital et les besoins d’investissement ou les contraintes liées aux services environnementaux.

Le combat de la CR pour bien évaluer les coûts de production fonctionne dans certaines interprofessions, mais d’autres (CNIPT, GPIT, Intercéréales…), malgré l’opposition ferme de nos représentants, ont demander à être exemptées des contrats obligatoires pluriannuels avec formule de révision de prix.

Le travail au sein de ces instances est quotidien.

(1) Discours de Rungis du 11 octobre 2017

 

À lire sur le sujet :

Dossier Interprofessions : le combat de la CR

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